Sur le plateau des Mille étangs, en Haute-Saône, des habitants font vivre une tradition un peu oubliée : la pisciculture. Il faut vidanger les étangs pour les régénérer et trier les poissons.
L'étang est quasiment vide. Une vision étonnante dans cet espace que l'on surnomme parfois "la petite Finlande" de la Haute-Saône. Au pied des Vosges, le plateau des Mille étangs est une vaste étendue de forêt et d'eau.
Autour de l'étang, ils sont une dizaine à pêcher les poissons au filet, dans le peu d'eau qui reste au fond. Sitôt pêchés, les gardons, tanches ou brochets, sont déposés sur la table de tri. Il faut faire vite, pour éviter l'asphyxie des poissons :
"Les gardons peuvent mourir si on ne les trie pas assez vite. Se donner du mal pour vider l'étang et faire tout mourir, parce qu'à la table de tri, on n'a pas été assez rapide, c'est un peu rageant !", explique une des participantes, au micro de notre équipe de reportage (Philippe Arbez et Guillaume Soudat).
Après quelques heures de travail, une centaine de kilos de poissons ont été pêchés et triés. Les plus gros sont destinés à la vente et à la consommation. Les plus petits retrouveront l'étang, quand le niveau de l'eau sera remonté.
Une tradition qui remonte au Moyen Âge
Vidanger les étangs pour trier les poissons, éviter l'envasement et régénérer le milieu : c'est un savoir-faire traditionnel sur le plateau des Mille étangs, depuis le Moyen Âge. À cause d'une terre de médiocre qualité, la pisciculture était un complément indispensable.
Aujourd'hui, cette tradition n'a plus vraiment cours. Quelques étangs, une vingtaine, seront vidangés cette année, sur les 1500 dénombrés. Hervé Mange, le président de l'association piscicole des Mille étangs, regrette cet abandon :
Il y a du beau poisson chez nous, et pendant ce temps-là, on va acheter du poisson en Hongrie, en Pologne, c'est désolant !
Hervé Mange, président de l'association piscicole des Mille étangs
Il ajoute : "il faut absolument gérer les étangs comme les anciens, avec des vidanges régulières". Selon lui, le maintien de la tradition est la seule manière d'assurer la pérennité du plateau et de son paysage.