Procès des Barjols : 13 prévenus dont deux Francs-Comtois devant la justice pour avoir tenté d'attaquer Emmanuel Macron

Un Haut-Saônois de 40 ans et un Belfortain de 39 ans font partie des prévenus dont le procès commence ce 17 janvier au tribunal judiciaire de Paris. Ils font partie du groupe d'extrême-droite les Barjols. En novembre 2018, ils ont tenté de s'en prendre au président de la République lors des commémorations du centenaire de l'armistice en Lorraine. Ils sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme ».

Les suspects sont poursuivis pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme ».

Au terme de quatre années d'enquête, 11 hommes et deux femmes ont été renvoyés en procès pour avoir préparé une "action violente" contre Emmanuel Macron fin 2018 et avoir fomenté des assassinats de migrants ou des attaques contre des mosquées. Aucun des ces projets n'a été mis à exécution.

Deux Francs-Comtois font partie des 13 prévenus. Xavier G. est employé de mairie dans une commune près de Lure en Haute-Saône. Son ami d'enfance Jonathan D. est Belfortain. Xavier G. se présente comme le chef de file franc-comtois des Barjols de Franche-Comté. Notre confrère de France Bleu détaille les conditions de leur interpellation.

Xavier G. est interpellé en janvier 2021, Jonathan D. en juin 2021. Lors de la perquisition du domicile du Haut-Saônois, les enquêteurs retrouvent une carabine 22 long rifle, un fusil de chasse et des munitions, mais aussi un fusil airsoft de sniper sur un trépied. Jonathan D. reconnaît lui avoir vendu l'une des armes. Dans le téléphone de Xavier G., un fichier de trois pages qui explique comment fabriquer des bombes incendiaires. Il en aurait fourni une copie à l'un des leaders "des Barjols". Interrogé à ce sujet par les enquêteurs, il répond que ça l'intéresse "comme on s'intéresse à peindre un mur ou mettre une moquette". Sur son disque dur, une vidéo où il apparait cagoulé aux côtés d'autres "Barjols" en train de menacer le gouvernement. Sur son ordinateur, une photo d'Adolphe Hitler.

Clémentine Sabrié, France Bleu

Poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle, les prévenus gravitaient tous autour des Barjols, un groupuscule issu d'un groupe Facebook en 2017, adepte de réunions paramilitaires et de la théorie conspirationniste du "grand remplacement". 

Selon l'avocat de Xavier G. , M° Dylan Slama, ces trois semaines de procès vont lui permettre de s'exprimer "avec sérénité mais détermination". 

L'enjeu est de démontrer qu'il n'y avait aucune intention de passer à l'action. Il n'y a que des discours qui sont théoriques. (...) S'agissant de mon client, il n'avait pas la moindre de volonté de commettre quoi que ce soit.

M° Dylan Slama, avocat de Xavier G.

Comme d'autres avocats de la Défense, M°Slama reconnaît que son client, membre des Barjols, a des "idées qui ont pu être verbalisées à un moment. Il y a des rencontres qui ont pu avoir lieu mais demain, il n'y a rien de concret". 

Trois semaines d'audience

Lors de cette première journée, des problèmes d'organisations ont du être abordés. Ce procès va durer trois semaines. Des prévenus et leurs avocats ont mis en avant leur difficulté pour se loger à Paris pendant trois semaines et s'organiser dans leurs vies professionnelles.

L'enquête, ouverte fin octobre 2018, est née dans un contexte très particulier, en pleine éclosion des "gilets jaunes" qui préparaient alors leur première grande mobilisation nationale du 17 novembre.

"Dans ce dossier, est parfois invoqué le fantasme d'une justice politique et aux ordres", souligne le président, avant d'ajouter : "Je peux vous assurer de notre indépendance intellectuelle à 200%".

Face à des prévenus proches de la nébuleuse de l'ultradroite, M. Jouck enfonce le clou: "La pensée politique n'est pas une infraction en soi".

Des implications différentes

D'après l'acte d'accusation, le délit d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme reproché aux prévenus -dont un seul comparait détenu- a notamment été caractérisé par ces réunions paramilitaires en 2017-2018 au cours desquelles sont évoqués des projets de putsch ou d'enlèvement d'élus.


Deux prévenus occupent une place particulière dans ce dossier, qui a été correctionnalisé à l'issue de l'enquête. Interpellé le 6 novembre 2018 avec trois autres prévenus, le militant d'ultradroite Jean-Pierre Bouyer est soupçonné d'avoir joué un rôle moteur dans le projet de s'attaquer à Emmanuel Macron lors des commémorations du centenaire de l'armistice, que le chef de l'Etat menait alors dans l'Est.
Des armes et munitions avaient été retrouvées fin 2018 au domicile de cet ex-garagiste de 66 ans, ancien numéro 2 des Barjols.

Assis à ses côtés sur le banc des prévenus, Denis Collinet, arrêté en mars 2020, est lui le fondateur de ce collectif hostile à l'islam et à l'immigration.


Au premier jour des débats, l'attention s'est toutefois portée sur d'autres prévenus qui habitent loin de Paris et ont fait part de leurs difficultés pour être présents à chaque journée d'audience, au risque de perdre leur emploi.


"Je sais que ça va me pénaliser mais moi je choisis mon travail", lance ainsi Delphine T., dont les explications un brin alambiquées ont le don d'agacer le président. "Excusez-moi mais on n'est pas au salon de coiffure", lui répond-il sèchement.


Son autre coprévenue est, elle, au chômage et son avocat Romain Ruiz met en avant le coût pour sa cliente "d'assumer trois semaines d'audience à Paris". "Ce n'est pas de (son) fait si l'antiterrorisme a été centralisé" dans la capitale, ajoute-t-il.


Julien C. invoque, lui, une raison bien particulière qui l'empêcherait d'assister à son procès en intégralité : un chat "diabétique" et "isolé en Bretagne". "Personne d'autre que moi ne peut l'approcher", assure-t-il, suscitant l'incrédulité du président.


Sa compréhension est bien plus grande s'agissant d'Antoine D., interpellé au tout début de l'enquête et atteint d'un trouble mental. A la barre, le prévenu de 26 ans manque de s'évanouir et confesse avoir "vaguement compris" les accusations qui pèsent contre lui. "Il y a des éléments de fragilité particulière", admet le président du tribunal.

Avec AFP

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