Pour tenter d'endiguer la disparition du vanneau huppé, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Franche-Comté protège ses nids dans les champs. Chaque année, dans les exploitations agricoles qui participent au dispositif, des bénévoles viennent poser des piquets pour que les machines puissent éviter d'écraser les futurs petits vanneaux.
"Tu le vois ? Il est un peu plus loin". Les yeux dans sa longue-vue, Catherine de Saint-Rat observe de près les mouvements d'un vanneau huppé. L'oiseau, de la taille d'un pigeon, s'est installé dans un champ agricole de Saulx, près de Vesoul en Haute-Saône. Et la bénévole de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Franche-Comté compte bien protéger le nid qu'il y a construit. Ce mardi 9 mai, avec son équipe, elle va rendre visible son nid, pour qu'il ne soit pas écrasé.
L'association estime qu'en 20 ans, la population du vanneau s'est effondrée en Franche-Comté : ils seraient 83% de moins qu'en 2002. La LPO compte désormais moins d'une centaine de couples dans la région. Un chiffre qui leur vaut d'être classés en liste rouge des espèces en danger.
Un nid au sol et au milieu des champs
"On a repéré où était la couveuse de vanneau huppé" explique la responsable du pôle protection de la LPO Franche-Comté, "pour aller poser quatre piquets sur une zone de 50 à 60 mètres carrés autour du nid, pour que l'agriculteur puisse contourner le vanneau".
Au printemps, le petit échassier a une fâcheuse tendance à poser ses œufs à même le sol, au milieu des champs agricoles où les tracteurs et machines ne leur laissent guère de chances de survivre. D'autant plus que ses œufs, blancs et tachetés, se confondent avec le paysage.
"On donne un coup de pouce pour donner une chance aux œufs d'éclore" sourit Catherine de Saint-Rat. Les agriculteurs qui se prêtent à l'exercice sont indemnisés, environ 25 euros par nid. "Certains ne demandent rien, parce que lorsqu'il n'y a qu'un nid dans une parcelle, ça n'est pas très contraignant".
Entre la ponte et l'éclosion, "25 à 29 jours environ" s'écoulent. Ensuite, les petits marchent et s'aventurent rapidement en dehors du nid. Si on compte le plus souvent quatre œufs dans un nid de vanneaux huppés, leur taux de survie à terme est très faible. "Depuis qu'on a commencé ce programme, on arrive à maintenir le nombre de nicheurs, mais ça n'augmente pas" se désole Catherine de Saint-Rat.
Disparition de son habitat d'origine
Les champs de cultures printanières n'ont pas toujours été les zones de nidation favorites du petit oiseau. Le vanneau huppé recherche des zones humides, avec une vue dégagée sur plusieurs hectares, pour s'enfuir facilement. "Avant, il nichait dans des prairies pâturées" raconte la bénévole LPO. "Il y a une disparition de ces habitats, alors il s'est reporté sur les cultures". "C'est la double peine" soupire Catherine de Saint-Rat.
"Pour qu'il y ait un renouvellement durable de l'espèce, il faudrait 0,8 à 1,1 jeune par couple nicheur" analyse-t-elle. "Mais on a du mal à l'estimer, et à suivre les jeunes poussins". Une fois nés, les petits sont nombreux à décéder dans les premiers mois, mais le phénomène est méconnu et difficile à étudier.
L'association se concentre donc sur l'étape du cycle de reproduction sur laquelle elle peut avoir le plus d'influence. En mars dernier, la LPO Franche-Comté a d'ailleurs lancé un appel aux dons pour financer ses différentes campagnes de protection des oiseaux.