Ce mercredi 24 janvier, la FDSEA 70 appelait ses adhérents à converger vers la plus grande ville du département. Les tracteurs se sont installés au rond-point de la Vaugine vers 10 heures ce matin. Avant de passer à l'action.
De Lure, Villersexel, Rioz, Combeaufontaine, en Haute-Saône, les agriculteurs étaient appelés à se mobiliser pour faire pression sur le gouvernement et obtenir des réponses rapides à leur "rage" et leurs revendications. Installés près de la RN19 et RN57, les agriculteurs n'ont pas bloqué totalement la circulation. 80 tracteurs étaient attendus sur ce point symbolique, où commença le mouvement des gilets jaunes à Vesoul. Certains sont venus du Doubs voisin.
"C'est de pire en pire, on nous assomme de normes. Il y a une concurrence déloyale de produits venus de l'extérieur. On ne peut plus tenir" explique Anthony Cuny producteur de lait au micro d'Emmanuel Deshayes.
Taxation sur le gazole, revenus en baisse, pour certains de ces agriculteurs, il y a une accumulation du ras-le-bol et "on a la sensation de ne plus du tout être écoutés, reconnus" ajoute l'agriculteur.
Pour Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône, la mobilisation est au rendez-vous. Céréaliers, producteurs de lait, de viande, de nombreux jeunes agriculteurs sont présents. "C'est la preuve qu'il y a vraiment un malaise dans le monde agricole aujourd'hui. On a un empilement de contraintes aujourd'hui qui sont insupportables pour les agriculteurs" explique le syndicaliste.
Il dénonce un mépris du gouvernement, un non-reconnaissance du métier. La filière est inquiète alors qu'en France "60% des volailles, 26% de la viande bovine est importée" note Emmanuel Aebischer.
Les agriculteurs de Haute-Saône qui se mobilisaient pour la première fois de jour, depuis le début du mouvement, ont ensuite déversé pneus et fumier, ciblant une grande enseigne de fastfood et l'enseigne Leclerc.
Débutée en Occitanie depuis une semaine, la mobilisation des agriculteurs ne faiblit pas. Les agriculteurs dénoncent notamment le prix du gazole, la surcharge administrative, ou encore des contraintes environnementales qu'ils jugent trop lourdes. Mardi 23 janvier s’est tenue une nouvelle réunion entre le Premier ministre Gabriel Attal et deux syndicats agricoles (la Coordination rurale et la Confédération paysanne).
Du fumier en pleine nuit devant Lactalis
La veille, vers 21 heures, des agriculteurs et tracteurs avaient pris pour cible la fromagerie Lactalis à Loulans-Verchamp en Haute-Saône. À l’appel de la FDSEA, du fumier et des déchets ont été déversés devant l’entrée du site. "Le groupe LActalis vient d'annoncer une très forte baisse des prix du lait" dénonçait mardi 23 janvier Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA 70. "Les producteurs sont vraiment énervés".
Action coup de poing ce soir des agris de #hautesaone contre le @groupe_lactalis de Loulans-Verchamp. Le leader mondial du lait refuse depuis des mois de négocier ac les éleveurs laitiers malgré des obligations légales, et paye le lait 15% en dessous de ses concurrents. pic.twitter.com/Dia9aDUiZE
— FDSEA Haute-Saône (@FDSEA70) January 23, 2024
La mobilisation des agriculteurs devrait s’étendre
La mobilisation des agriculteurs français s'accentue ce mercredi 24 janvier avec des barrages routiers un peu partout en France. Mardi, le mouvement a été endeuillé par le décès d'une agricultrice et de sa fille à un barrage.
"Cette colère est inédite pour le monde agricole, ça fait très longtemps qu'on n'a pas eu un tel niveau d'engagement. D'ici vendredi, près de 85 départements vont mener des actions, de manière continue et sporadique", a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA sur France 2.
Vendredi 26 janvier, le Territoire de Belfort sera touché par une action à partir de 10 heures au niveau de l’autoroute A36 dans le sens Montbéliard-Belfort au niveau des sorties 11 et 12 - Bermont.
La FNSEA, premier syndicat agricole français, communiquera mercredi soir une "quarantaine" de "revendications claires", et indique n'"exclure aucune option" quant au blocage de Paris ou du pays si les agriculteurs n'étaient pas "entendus", a indiqué mercredi son président.