Est-ce un chien errant ou le signe d’une nouvelle attaque en Haute-Saône d’un prédateur ? Plusieurs bêtes ont été découvertes sur les communes d’Arbecey et Breurey-les-Faverney.
“C’est un vrai carnage”. Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône s’est rendu au chevet de l’éleveur le plus touché. Dans la nuit de mercredi à jeudi 8 janvier, un troupeau de 36 brebis a été attaqué dans une pâture à Arbecey. “Soit c’est un très gros chien, soit c’est un loup, mais c’est une bête super puissante, les bêtes n’ont eu aucune chance” raconte Emile Billy, l’agriculteur. Deux brebis ont du être euthanasiées, les autres dispersées ici et là dans la pâture, n’avaient pas survécu.
La nuit suivante, 5 ovins ont été attaqués sur une parcelle à Breurey-les-Faverney à une dizaine de kilomètres de là, non loin de Port-sur-Saône.
Cela ressemble étrangement aux attaques du secteur de Fougerolles
Les agriculteurs restent prudents, et prononcent à demi-mot le nom du loup. “C’était des bêtes qui devaient agneler, c’est une perte... Mais pour moi, ça ressemble étrangement aux attaques du secteur de Fougerolles il y a quelques mois. Il y a des signes d'attaques au niveau du cou, des prélèvements sur des gigots, deux bêtes victimes d’éviscération” ajoute Emmanuel Aebischer. “Si c’est du loup, il va falloir faire de nouveau des protections, s’il faut protéger la moitié du département, ça ne va pas le faire !” s’inquiète le syndicaliste agricole.
A Arbecey, les agents de l’Office Français de la Biodiversité se sont rendus sur les lieux pour effectuer des relevés. L’éleveur touché à Arbecey, a mis le reste de son troupeau à l’abri à la ferme. “J’espère que cela ne va pas recommencer, ça dégoute de l’activité, c’est déjà dur d’élever des moutons” confie Emile Billy qui a découvert une vingtaine de ses brebis, sans vie.
Une expertise en cours, en attendant les agriculteurs sont invités à accroître la surveillance de leurs troupeaux
La préfecture de Haute-Saône précise dans un communiqué que les deux attaques ont fait immédiatement l’objet d’un constat sur place par les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB). "À ce stade, les caractéristiques de la prédation constatée n’ont pas permis de conclure à la responsabilité du loup, ni d’exclure celle de chiens errants. L’expertise technique de ces constats de dommage, en cours, cherchera à établir la responsabilité possible du loup et déclenchera, le cas échéant, le processus d’indemnisation des pertes subies par les deux éleveurs concernés."
Bien qu’il ne soit pas possible de confirmer l’origine de ces attaques, il est conseillé aux éleveurs d’exercer une surveillance accrue de leurs troupeaux, indiquent les services de l'Etat.
La Direction Départementale des Territoires (03.63.37.92.00 - ddt-bfc@haute-saone.gouv.fr) et le service départemental de l’OFB (03.84.76.17.00 –sd70@ofb.gouv.fr) doivent être contactés en cas de dommage sur troupeau ou de collecte d’indices de présence.
Un loup abattu par des tirs de défense en septembre 2020 en Haute-Saône
Si la piste du loup devait se confirmer en Haute-Saône, elle raviverait des souvenirs douloureux pour le monde agricole. Entre le 11 août et le 21 septembre 2020, 21 attaques avaient été dénombrées, 9 dans les Vosges et 12 en Haute-Saône dans le secteur de Fougerolles. 20 ovins et 15 jeunes bovins avaient été tués. La préfecture de Haute-Saône avait fini par autoriser des tirs de défense pour protéger les exploitations attaquées à plusieurs reprises, malgré des moyens de protection mis en en place. Un loup avait été abattu mercredi 23 septembre par un louvetier, sur une exploitation bovine du Val-d-Ajol (Vosges) déjà victime du prédateur.
Le loup est bien présent en Bourgogne-Franche-Comté, des attaques récentes ont eu lieu en Côte d’Or, Saône-et-Loire et peut-être dans le Jura près de Dole où un troupeau a été attaqué, 13 moutons et brebis sont morts fin novembre 2020 dans la réserve naturelle nationale de l'île Girard.