Un homme de 43 ans était jugé pour homicide involontaire ce jeudi 5 octobre devant le tribunal correctionnel de Vesoul en Haute-Saône. Le 22 avril 2022, il a percuté mortellement un automobiliste alors qu’il roulait à contresens, sous l’emprise de l’alcool et sans permis de conduire.
À l’audience, ses proches étaient là. Christophe Boulanger, un père de famille de 52 ans est mort le 22 avril 2022. Entre Lure et Héricourt, sur la 2x2 voies, une voiture Audi A6 roulait à contresens. Le choc a été terrible, enflammant la voiture du chauffard à hauteur de Lyoffans. Le père de famille est décédé vers 17 heures.
Le chauffard était suivi par les gendarmes, il avait refusé d’obtempérer. Les gendarmes avaient repéré le véhicule un peu plus tôt dans le quartier du Mortard à Lure.
Au volant, le conducteur n’avait pas le permis. Les tests sanguins ont relevé un taux d’alcoolémie de 1,44 gramme par litre de sang, mais aussi une consommation de cannabis.
“J’avais décidé d’aller jusqu’au bout dans le délit de fuite. Perdu pour perdu” a déclaré le prévenu lors de sa garde à vue. “Je ne peux pas l’expliquer, je ne sais pas ce qui m’a pris” dit-il à la barre. L’homme a déclaré qu’il roulait à 150 km/h ce qui a été corroboré par l’enquête. L’instruction a démontré que la responsabilité des gendarmes n’était pas en cause.
Le profil du prévenu fait froid dans le dos
L’homme a 18 mentions à son casier judiciaire, essentiellement des délits routiers ainsi que des violences sur mineur de 15 ans par ascendant.
“Qu’est-ce qu’il va falloir pour que vous arrêtiez ?!” a demandé au prévenu le procureur Arnaud Grécourt. “Je ne sais pas moi-même” répond-il, se disant prêt à assumer la peine qui sera prononcée. “Je n’ai pas de défense, ce que j’ai fait est inexcusable” concède le chauffeur un an et demi après le drame.
“C’est tout sauf un accident”
Me Lagarrigue, avocate des parties civiles, a pointé du doigt la responsabilité entière du chauffard. 'La voiture n’a pas fait demi-tour toute seule. C’est un geste volontaire” lance l’avocate. Elle rappelle l'extrême violence du choc. “Un choc frontal estimé à deux fois 120 km/h donc 240 en vitesse relative. C’est 66 mètres en une seconde. Monsieur Boulanger n’a pas pu l’éviter” dit-elle. La victime n’avait aucune chance de s’en sortir. Sur le banc des parties civiles, les larmes coulent. Certains quittent la salle. “Cet imbécile lui a enlevé la vie, ce criminel a brisé toute une famille...” énonce Me Lagarrigue à la lecture de quelques mots écrits par la famille de la victime.
8 ans de prison pour le chauffard
Le procureur a requis contre le chauffard 6 ans de prison dont deux avec sursis probatoire pendant trois ans. Il a demandé une obligation de soins, d'indemnité, de travail.
Le tribunal, face à un prévenu se montrant peu rongé par le remord et soucieux de travailler ses addictions, a condamné l’homme à 8 ans de prison ferme. "Vous avez été condamné de nombreuses fois et vous n’avez jamais su tirer parti des condamnations". L’homme reste donc en détention avec interdiction de conduire un véhicule durant 3 ans et interdiction de port d'arme durant 5 ans.
Avec Antoine Laroche, à l'audience