Il a connu le maquis en Haute-Saône puis la guerre, Robert Ravenet rejoint le club grandissant des centenaires

À Vesoul en Haute-Saône, la mairie a mis à l’honneur l’un de ces citoyens ce mardi 3 mai. On n’a pas tous les jours 100 ans. Robert Ravenet né en 1922 vit toujours chez lui en centre-ville. Rencontre.

Il vient de retrouver son logement. Après trois mois d'hospitalisation et une mauvaise chute. Robert Ravenet a retrouvé le sourire. Un peu gêné par tant d’honneur. Les caméras de France 3 au milieu de son coquet salon !

“Monsieur Ravenet, vous avez aujourd'hui 100 ans, tout un siècle de vie traversé qui nous réunit pour ce moment exceptionnel. Vous êtes en quelque sorte l’incarnation de notre mémoire collective, car si on retrace votre vie, vous avez connu les événements importants de notre siècle. Que de chemin parcouru depuis votre naissance à Noidans-le-Ferroux le 3 mai 1922. Votre vie a débuté par une enfance difficile avec la disparition de votre père quand vous aviez 7 ans… En 1936, vous allez vivre chez vos grands-parents maternels à Theuley et travaillez avec eux à la ferme. Vous avez 14 ans. En ce temps-là, pas d’argent de poche, mais en guise de récompense, un lapin !” retrace la mairie.

Cette enfance en Haute-Saône, Robert s’en souvient très bien. Après le décès de son père, il rejoint la commune de Theuley, du côté maternel. 

Quand on était gosses, les gosses de mon âge, les gens du pays les appelaient par leurs prénoms, le Roger, le Jacques, moi, c’était le Ravenet, vous voyez la différence. On n’était pas du village, ça m’a marqué. Et bien, le Ravenet, il les emmerdent !”

lance dans un grand éclat de rire, le centenaire sur son fauteuil.

Les souvenirs du maquis qui remontent

Quand on lui demande de regarder dans le rétroviseur des années passées, il se souvient bien sûr de la Seconde Guerre mondiale. “A 18 ans, j’ai été requis pour le STO, le travail obligatoire. J’ai pris le maquis à ce moment-là, je faisais partie du bataillon ouvrier d’approvisionnement. Des terrains avaient été aménagés pour les parachutages. On éclairait les avions avec les éclairages de nos vélos” se souvient-il. Robert s’engage ensuite dans cette guerre. Il en sortira vivant. En 1948, il épouse Odette. Une petite Josette va naître puis un autre enfant. Le couple achète en 1952 un commerce d'alimentation à Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne. “On y a bien prospéré, ma femme était plus commerçante que moi. T’es un sauvage, elle me disait” raconte avec nostalgie Robert Ravenet. Le couple acquiert quelques années plus tard, un bâtiment pour en faire des logements pour les curistes.

100 ans se sont écoulés. Robert Ravenet a perdu sa femme en 2017. Elle avait 94 ans, emportée par une leucémie après des années de lutte. “Ce qui m’a le plus marqué dans ma vie, c’est son décès” dit-il. Robert Ravenet ne sort plus de son logement désormais, une aide ménagère vient l’épauler au quotidien. “Je fais des mots croisés, des mots fléchés, je regarde un peu la télé, on tue le temps comme on peut” lance-t-il. “Je suis ému, je ne m'attendais pas à tout cela” dit-il alors que monsieur le maire s’est déplacé en personne pour fêter ses 100 ans. Cela fait quoi d’être centenaire ? Pour Robert Ravenet, c'est “un jour comme un autre”. “Parti d’où je suis parti, je suis très content d’avoir une famille comme j’en ai une, et qui s’entend bien” dit-il.

À 100 ans, il espère pouvoir encore profiter des six arrières petits-enfants. Il quittera dans quelques jours son domicile pour une résidence pour personnes âgées près de Lyon où vit une grande partie de sa famille. Il y a peu encore, ce centenaire conduisait encore. Adepte de la marche à pied, il faisait jusqu’à 12 kilomètres par jour.

De plus en plus de centenaires en France

La ville de Haute-Saône doit fêter cette année 2022 trois de ces centenaires. “Un centenaire comme Monsieur Ravenet, en bonne santé, avec le moral, en plein centre ville, c’est un bel exemple de vie et de valeur” note le maire Alain Chrétien.

En France, selon l’INED, l’institut National des études démographiques, près de 30.000 Français passeront le cap des 100 ans en 2022. Et ce chiffre va aller en grandissant les prochaines années du fait de la pyramide des âges. Ils pourraient être plus de 42.600 en 2025.