Face au changement climatique, l’agriculture est fragilisée. Pour s’adapter, certains agriculteurs ont choisi de se diversifier en cultivant des légumineuses, plus résistantes au manque d’eau. D’autres transforment et vendent leurs produits en direct à la ferme ou en magasin de producteurs. Démonstration en Haute-Saône avec Catherine Ziri et Emma Vallée Guillard.
"Là, les cocottes, elles sont au boulot. C’est impressionnant", lâche Jean-François au milieu d’un champ à Lavoncourt (Haute-Saône). Oui, les abeilles sont en plein travail dans le sarrasin, l’une des cultures de Jean-François Ferrand. "La graine de sarrasin a un intérêt, c’est qu’elle ne contient pas de gluten. Donc pour les personnes qui ont des problèmes digestifs, ça peut être une solution", explique-t-il. S’il cultive les traditionnels maïs, colza, soja, ce céréalier produit aussi du sarrasin, du blé, du seigle ou encore du grand épeautre, qu’il transforme, en grande partie, en farine.
Transformation des produits et vente en direct
Cette activité supplémentaire lui a permis de salarier son fils, qui y trouve de nombreux avantages : "une diversité dans le métier que l’on fait, le contact avec les consommateurs. Ce lien-là, que l’on a recréé, donne encore plus d’intérêt au métier d’agriculteur", explique Valentin Ferrand, fils de Jean-François.
Autre diversification envisagée avec ces différentes farines, pourquoi ne pas faire du pain ? "Il faut le temps et il faut peut-être aussi la personne compétente qui viendra s’ajouter à la transformation qu’on fait à l’heure actuelle", ajoute Jean-François.
Thomas Lambert, à Crésancey, a déjà franchi le pas avec succès. "Je suis en train de lancer une production de pâtes à partir de mon blé dur. Je fais environs 60 kg à la fois. À la base, l’idée était de ramener un atelier supplémentaire sur l’exploitation pour faire un revenu supplémentaire et aussi pour répondre à la demande, puisque aujourd'hui, les gens veulent de plus en plus la vente en direct. Et j’ai trouvé cette idée-là, qui ne se faisait pas trop dans la région", explique-t-il.
Les légumineuses pour s'adapter au réchauffement climatique
Ce céréalier a diversifié, lui aussi, sa production, en y ajoutant pois cassés, pois chiches et lentilles, adaptés au réchauffement climatique : "On sait qu’on a des printemps et des étés secs et c’est sûr que la lentille, c'est exactement ce qui lui convient, et c’est un produit qui se cultive plus dans le sud de la France. Là, on est sur la culture du pois chiche, on a les graines qui sont formées dans les gousses et ça sera récolté au mois d’août. Il a simplement besoin d’une petite averse lorsqu’il est planté pour qu’il pousse, et après, il peut tenir sans eau quasiment jusqu’à la fin du cycle."
Diversifier leurs cultures, les transformer et les commercialiser. Ces céréaliers assument, en réalité, plusieurs métiers pour pouvoir continuer l’exercice du leur : être paysans.