L'affaire remonte à juin 2014. Un corps décomposé est alors découvert dans une forêt à Urcerey, dans le Territoire de Belfort. C'est un corps de femme. Elle aurait été tuée par son mari. Il comparaît aux assises ces jeudi 26 et vendredi 27 avril à Vesoul.
Dans la forêt ce 18 juin 2014, les enquêteurs n'ont retrouvé que des ossements, et une bague portant son prénom -Françoise-. Voilà vraisemblablement plus d'un an (depuis août 2013) qu'elle reposait là. C'est sur les indications de son mari, suspecté de meurtre par les enquêteurs que la découverte a été faite.
Le mari très vite suspecté
Le 30 août 2013, après un déplacement professionnel de plusieurs jours, le mari, routier, fait part de la disparition de sa femme aux gendarmes. Comme à chaque fois dans ce type d'affaire, les proches sont rapidement dans le collimateur des enquêteurs, et logiquement, ils s'intéressent d'abord au mari de la victime.
Le 4 septembre, ils perquisitionnent le domicile conjugal et saisissent le portable d'Eric, l'époux de la disparue. Entendu par les gendarmes, ce dernier assure qu'il mène avec Françoise une relation parfaitement normale. Mais ce n'est pas la version des enfants de son épouse. Selon elles leurs parents ont fait connaissance via un site de rencontres, et Françoise suspectait Eric d'avoir une maîtresse et de continuer à avoir des relations intimes via internet. Quinze jours avant sa disparition, elle envisageait de le quitter.
Des éléments accablants
Pendant dix mois, les enquêteurs de la brigade de recherches de Belfort décortiquent les pratiques du mari. Ils découvrent ainsi qu'il continue à consulter les sites de rencontre et d'échangisme, et qu'il utilise différents prénoms de substitution.
L'étau se resserre autour d'Eric. L'analyse des coordonnées satellites de son portable et de celui de Françoise révèle qu'ils étaient au même endroit avant et après la disparition. Puis les choses se précipitent; les enquêteurs découvrent un virement bancaire du compte de Madame vers celui de Monsieur le 1er septembre. Des analyses techniques au domicile de Bourogne permettent de découvrir des traces de sang dans l'escalier qui mène au garage.
Le 21 mai, une information judiciaire est ouverte pour meurtre à Montbéliard. Eric nie d'abord toute implication avant d'avouer. Il reconnaît être responsable de la mort de sa femme mais explique qu'il s'agit d'un accident, il n'aurait pas voulu la tuer.
le 18 juin 2014 les gendarmes découvrent les restes d'un corps en forêt d'Urcerey.
Aux assises de Haute-Saône, des similitudes avec l'affaire Alexia Daval
Le procès devant la cour d'assises de Haute-Saône va durer deux jours. Un procès très suivi médiatiquement, car ce fait divers rappelle étonnamment l'affaire de "la joggeuse Alexia Daval".
- Dans les deux cas le mari est suspecté du meurtre de son épouse.
- Dans les deux cas le mari aurait envoyé des SMS à sa femme après la mort de celle-ci.
- Dans les deux cas, le mari aurait transporté le corps en forêt après la mort de la victime.
- Dans les deux cas le mari explique qu'il n'a pas voulu tuer son épouse et qu'il s'agit "d'un accident"
- Dans les 2 cas, les avocats devraient expliquer qu'il s'agit "de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Hasard judiciaire Maître Randall Schwerdorffer, l'avocat pénaliste bisontin plaidera dans les deux affaires. Comme avocat des parties civiles, pour le frère et la soeur de Françoise, dans l'affaire du meurtre de Bourogne, et comme avocat de la défense (pour Jonathann Daval) dans l'affaire Alexia. Mais pour lui, les deux affaires sont loin l'une de l'autre. "On est aux antipodes des personnalités. Dans cette affaire, la place est libre pour la maîtresse s'installe immédiatement au domicile. On est très loin de l'affaire Jonathann Daval" explique l'avocat bisontin.
Une situation atypique car à Vesoul, l'avocat devra accepter l'idée que la soeur de ses clientes a pû être tuée "par accident" s'il veut réutiliser prochainement le même argument pour défendre Jonathann Daval, Dans cette autre affaire, l'avocat pourrait prochainement expliquer que la joggeuse Grayloise est morte par asphyxie suite à une immobilisation "appuyée" et prolongée, mais qu'elle n'a pas été étranglée. D'où la thèse de l'accident et des coups entraînant la mort sans intention de la donner.