L'homme comparaissait devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort pour avoir tué sa femme et dissimulé son corps. Le jury l'a condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour meurtre aggravé.
Les femmes restent en France les premières victimes des violences conjugales : 123 ont été tuées par leur compagnon, ex-compagnon ou amant en 2016, soit une tous les trois jours. La femme d'Eric Desnoue fait partie des victimes de l'année 2014. Françoise Saffer, 56 ans a été retrouvée morte un an après sa disparition. Les restes de son corps ont été retrouvés dans la forêt d'Urcerey, dans le Territoire de Belfort. Le 28 août 2013, son mari avait signalé la disparition de sa femme, à la gendarmerie, jouant les maris éplorés
Durant deux jours, les débats ont tourné autour de la thèse de l'accident conjugal. Une dispute, une bousculade qui aurait mal tourné. Le mari se serait débarrassé du corps dans la panique, explique devant la cour d'assises son défenseur.
Un meurtre odieux dénonce Me Schwerdorffer
Pour l’avocat qui défend les frères et sœurs de la victime, il n’y a pas de doute. Le mari est le meurtrier. C’est un meurtre odieux, explique t-il, en évoquant le corps de la victime retrouvé un an après sa disparition sur les indications du mari. « On a retrouvé la victime complètement nue, dans la forêt, avec un vibromasseur dans l’anus ou le vagin, le corps dévoré par les bêtes. Qui voulez-vous que ce soit ? Un promeneur ? Ce n’est pas sérieux. Ce ne peut être que lui. Soit c’était pour faire subir à son épouse une dernière humiliation, soit c’est pour faire croire à un crime sexuel » raconte l’avocat bisontin.
Un manque de preuves pour la défense
Pour Me Patrick Uzan qui défend Eric Desnoue, il s’agit d’une mort involontaire, d’une bousculade dans un escalier et d’une chute involontairement mortelle. « Mon client n’avait aucun mobile pour vouloir faire disparaître son épouse » explique l’avocat d’Eric Desnoue. Et le dossier manque cruellement de preuves, d'éléments matériels selon la défense.
Les enquêteurs après plusieurs mois d'investigations ont pourtant découvert au domicile du couple, grâce au révélateur Bluestar (produit utilisé par la police scientifique), d'importantes traces de sang lavées, appartenant à la victime. Le mari a été suspecté car le chauffeur routier avait utilisé l'argent de son épouse et refait sa vie avec sa maîtresse, avec laquelle il pratiquait l'échangisme.
Ce dernier encourt une peine à perpétuité, si les jurés retiennent la qualification de l'homicide volontaire sur conjoint. Si les jurés, dans leur intime conviction, pensent que le mari a tué sa femme involontairement, la peine sera de 20 ans au maximum pour coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort, sans l'intention de la donner.
Dans la soirée, les jurés ont condamné le mari à 25 ans de réclusion criminelle suivant les réquisitions de l'avocat général.