À 45 ans, le Père Franck Ruffiot est curé à Vesoul (Haute-Saône) depuis plus de deux ans. Depuis une dizaine d'années, l'homme d'Église, en plus de la spiritualité, se consacre à sa deuxième passion : l'escrime. Licencié au club de Rioz, le père Ruffiot va même participer du 17 au 21 mai 2023 aux championnats d'Europe d'escrime à Thionville, en Moselle. Rencontre.
Curé de Vesoul et bretteur hors pair ! Depuis plus de deux ans, l'abbé Franck Ruffiot est le curé de la paroisse vésulienne de Notre-Dame de la Motte, dans le département de la Haute-Saône. Mais entre les offices, l'homme d'Église prend le temps de se consacrer à sa passion : l'escrime.
Tous les samedis matin, c'est la même routine. "Fleuret, casque, cuirasse métallique... Je prépare mon sac pour une heure d'entraînement". Licencié au club d'escrime de Rioz, le Père Ruffiot troque une fois par semaine sa soutane noire contre la tenue de combat blanche immaculée.
J'y suis allé par curiosité et j'ai accroché immédiatement
Abbé Franck Ruffiot,Curé de la paroisse Notre-Dame de la Motte, à Vesoul
Depuis une dizaine d'années, l'abbé de 45 ans pratique l'escrime, plus précisément le fleuret. Une passion découverte lors de ses études à Fribourg, en Suisse, et qui ne l'a plus jamais lâchée. "J'y suis allé par curiosité, et j'ai accroché immédiatement. J'aime ce sport qui allie la technicité, la précision, la forme physique et le jeu, car c'est assez ludique" explique le père Ruffiot. "C'est un peu une conversation entre les tireurs qui s'affronte, surtout au fleuret".
À l'aspect ludique, l'abbé de Vesoul allie la performance. Le père Ruffiot est en effet vice-champion de Bourgogne-Franche-Comté de fleuret, dans la catégorie vétéran. Et si, en cette fin avril, il répète les assauts avec acharnement, c'est que dans quelques semaines, il prendra part aux championnats d'Europe d'escrime, à Thionville, en Moselle.
Mais un abbé armé d'une épée, il est vrai que cela peut surprendre. Le sabre et le combat sont-ils compatibles avec les valeurs de paix prônées par l'Église ? "L'épée ou le glaive, dans la Bible, c'est certes le signe de la guerre" concède le père Ruffiot. "Mais c'est aussi synonyme de l'aide de Dieu. Et je préfère le voir comme cela, évidemment. Et puis mon supérieur, l'archevêque de Besançon, est tout à fait d'accord avec mon activité."
Le sport, une bulle d'air dans un quotidien bien chargé
D'ailleurs, ce sport est aussi une bulle d'air dans le quotidien de l'abbé. "J'ai plus de 100 communes dans ma paroisse, donc j'y passe beaucoup de temps" admet-il. "Avoir une activité en dehors de tout cela, c'est très bon pour moi. C'est une bouffée d'air frais, une respiration qui me permet d'être encore plus efficace auprès des fidèles. Le sport est vraiment nécessaire à l'équilibre de ma vie".
Mais bien sûr, la foi reste la priorité. "Les compétitions d'escrimes sont souvent organisées les dimanches" s'amuse Franck Ruffiot dans un sourire. "Vous pensez bien qu'avec les messes, on ne m'y voit pas souvent".
Au club de Rioz, celui qu'on appelle "Franck" a été très vite adopté. "Monsieur l'abbé est un très bon élève" confesse Emmanuel Daguet, maître d'armes et conseil du père Ruffiot. "C'est quelqu'un de très doué et surtout, de passionné, qui travaille beaucoup".
Rendez-vous le 17 mai pour les championnats d'Europe d'escrime
"Je vous avoue qu'au départ, on ne savait pas qu'il était curé" s'amuse Cédric Lelu, président du cercle d'escrime riolais. "Puis une fois, il est venu avec sa soutane et on a compris. Mais ça ne change rien, on a tout de suite accroché, car il est génial".
Les 40 licenciés du club l'assurent, du 17 au 21 mai prochain, ils seront tous derrière l'abbé Ruffiot pour les championnats d'Europe. Parmi les 1 500 athlètes engagés dans la compétition, la fine lame de l'Église espère bien faire briller la Haute-Saône, sa paroisse, et les escrimeurs riolais.