C’est un monument quasiment unique en France. Un lavoir fermé aux 12 angles, il en existe un autre seulement dans le département de l’Allier.
Au centre du village de Gy sur la place Genin, l’édifice intrigue. Ce bâtiment était un lavoir. Il a été construit au début du 19e siècle. Sa particularité, un lavoir en forme circulaire. 40 bacs étaient destinés aux laveuses. Des murs les protégeaient l’hiver du froid et du vent.
Simone Cordier, 90 ans, se souvient de l’époque où les femmes du village venaient ici laver leur linge. “On prenait deux cases, une pour laver, une pour rincer. L’hiver, on avait les lessiveuses. Si on avait froid aux mains, on plongeait celles-ci dans la lessive. Il n’y avait pas de machine à laver à l’époque” rappelle la nonagénaire.
Le lavoir dodécagonal de Gy est l'œuvre de l'architecte Alphonse Delacroix. Il était prévu pour quarante personnes.
La redistribution de l'eau, à partir d’un bassin central, se faisait individuellement, pour chaque bac, par travées. De même, l'évacuation se faisait de façon individuelle vers une rigole grillagée, témoignant de l'évolution des notions d'hygiène.
À Gy, comme dans les autres petites communes, le lavoir était la pièce des femmes, on y frottait le linge, on se racontait les derniers ragots.
Au fil du temps, le lavoir a subi des dommages. Il n’est plus possible aujourd’hui de le visiter. Les piliers montrent des fissures apparentes, on dirait presque que la végétation soutient l’édifice. “Avec les périodes de gel, et dégel, tous les ans, on se dit qu’il va tomber, et il est toujours là” raconte Christelle Clément, maire de Gy. “Il date des années 1900, on avait une technique de construction qui était assez remarquable. Le lavoir est construit en ciment. Ce sont les premiers ciments de l’époque” précise-t-elle.
Reportage E. Rivallain, F.Petit avec Claude Roussel, un habitant de Gy - Christelle Clément, maire de la commune de Gy - Simone Cordier, 90 ans.
Ce lavoir à l'abandon, en ruine, la commune de Gy à 30 kilomètres de Besançon souhaite le faire revivre. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 2001. Une première étude réalisée en 2000 estimait à 500.000 euros les travaux pour le restaurer. Pourquoi ne pas en faire une galerie d’expositions, ou remettre en eau le bassin intérieur ?
L’autre lavoir dodécagonal en France se situe à Saint-Gérand-le-Puy dans l’Allier. Il se visite, et est dans un bien meilleur état. Ici, le toit à 12 pans, permettait de recueillir les eaux de pluie pour le lavage, tout en abritant l'espace situé autour du bassin.