400 personnes ont pu assister aux concerts exceptionnels de la chanteuse américaine dans le cadre du festival Génériq. Décor, l'interieur de la chapelle de Le Corbusier en Haute-Saône classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
L'artiste américaine aime chanter dans les églises pour leur architecture et leur sonorité. C'est elle qui a demandé à venir chanter dans la chapelle en Haute-Saône. Elle a donné deux concerts d'une heure hier soir avec son fils Jackson à la guitare.
Les places du concert s'étaient vendues en quelques secondes. Certains fans sont venus de l'étranger pour voir ce concert inédit.
C’est un signe de reconnaissance des grands artistes : leur public traverse les générations. Hier soir, sur la colline de Ronchamp, une jeune fille avait réussi à offrir à ses parents des places pour ce concert si particulier. Une chance inouïe, les places s’étaient vendues en décembre dernier le temps d’un éclair. Un beau cadeau pour une belle histoire : En 1996, toute sa famille fêtait les 40 ans de son père quand sa mère s’est éclipsée pour aller voir Patti Smith aux Eurockénnes. Hier, la jeune Belfortaine a voulu ajouter une nouvelle page à l’histoire familiale, elle qui a été bercée par le répertoire de l’Américaine.
Et puis, il y a les fans absolus de la poétesse. Monika et Jürgen Falkenberg sont venus tout spécialement d’Allemagne pour voir leur idole dans ce lieu si atypique le jour même de leur anniversaire de mariage. Le week-end dernier, ils étaient même à Genève pour un autre concert de Patti Smith à L’Alhambra, dans le cadre du festival Antigel. A chaque performance, Monika photographie la «set-list », le conducteur griffonné par la chanteuse moins d’une heure avant le concert.
A Genève comme à Ronchamp, son fils Jackson l’a accompagnée à la guitare. Le duo, complice et décontracté, a le don pour créer immédiatement une proximité avec le public. Aérienne comme les lignes de Le Corbusier, La balade envoutante, Wing ouvre le bal des souvenirs.
« And if there’s one thing
Could do for you
You’d be a wing
In heaven blue”
“Si je pouvais faire quelque chose pour toi,
tu serais une aile dans un ciel d’azur”
Un texte tiré de l’album Gone Again. Un enregistrement qui signe le retour de l’artiste à New York après seize années d’absence sur scène. Anéantie par le décès de son mari Fred Sonic Smith, de son frère Todd et du pianiste Richard Sohl, Patti Smith trouve l’énergie de la survie encouragée par son ami le poète Allen Ginsberg. Il lui avait soufflé cette phrase réparatrice :
« Let go of the spirit of the departed and continue your life’s celebration »
“Enrichis-toi de l’esprit des disparus et continue ta célébration de ta vie »
Les deux concerts de Ronchamp étaient portés par cette incantation. Patti Smith a honoré la mémoire de Prince en reprenant When Doves cry. L’écrivain poète vit la tête tournée vers le ciel, là où planent les esprits de Robert Mapplethorpe, l’alter ego artistique de Patti Smith, et de son cher mari Fred Sonic Smith.
Lecture de poèmes inspirés des drames intimes (To your Daughter) et de ses livres autobiographiques (Just Kids et M train) ont conforté l’intimité de cette performance rêvée par la chanteuse depuis qu’elle avait vu des photos de la chapelle Le Corbusier. Emportée par son empathie, Patti Smith a confié à son public tout acquis, « je suis venue pour Le Corbusier et ce que j’ai rencontré, ce sont aussi des gens merveilleux ».
« Because the night belongs to lovers
Because the night belongs to Ronchamp »
Le refrain claque dans la chapelle Le Corbusier comme une ode à la vie.
Voici des extraits de la conférence de presse donnée par Patti Smith avant ses deux concerts à la chapelle de Ronchamp.