L'un des plus anciens prisonniers de France est sorti hier soir de la centrale d'Ensisheim.
Le Bisontin Abdelhamid Hakkar, un des plus anciens détenus de France, est sorti de prison dimanche soir après 27 ans d'incarcération pour le meurtre d'un policier qu'il a toujours nié. A.Hakkar avait obtenu la condamnation de la France par le Cour européenne des droits de l'homme, l'obligeant à modifier la loi française pour être rejugé.
Agé de 56 ans, M. Hakkar a quitté à 18H00 la prison d'Ensisheim (Haut-Rhin), selon son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard. M. Hakkar n'est pour l'instant qu'en permission. La fin officielle de son incarcération interviendra mardi matin, une fois que les autorités pénitentiaires de la maison d'arrêt de Besançon lui auront posé un bracelet électronique, a expliqué à l'AFP un frère de M. Hakkar qui a souhaité conservé l'anonymat.
M. Hakkar vivra au sein de sa famille à Besançon et travaillera dans une association de réinsertion de détenus. Abdelhamid Hakkar a été condamné à trois reprises à la perpétuité, accusé d'avoir tué un policier le 30 août 1984 en prenant la fuite après un vol à main armée dans une bijouterie d'Avallon (Yonne). Il avait obtenu de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) d'être rejugé, après un procès dont il avait été partiellement absent, et pour lequel il avait récusé ses avocats commis d'office.
Durant sa détention il a aussi été condamné à quatre reprises pour des tentatives d'évasion. Elles lui ont valu de passer 12 ans à l'isolement et d'être transféré 45 fois. "Au début il essayait de s'évader, après il s'est battu au niveau juridique", a noté vendredi Me Canu-Bernard, en rappelant les innombrables recours déposés par son client. Pendant sa détention, M. Hakkar a longuement étudié le droit.
"Je suis confus. Plein de choses se bousculent dans ma tête. Après près de trois décennies en prison, les émotions, les images de l'extérieur, les paysages de verdure, tout avait fini par s'estomper dans mon esprit", a confié Abdelhamid Hakkar à l'AFP dans un bref échange téléphonique.
"Je me sens comme une pièce rapportée à la vie. Heureusement, j'ai toujours pu compter sur ma famille qui m'a soutenu pendant ces longues années de prison. Maintenant, elle va m'aider à me réinsérer. C'est tout ce que je veux", a-t-il ajouté.
"Abdelhamid a fait une bêtise, elle a gâché sa vie, il la regrette et il l'a payée. Nous l'avons assisté pendant toutes ces années et maintenant, nous serons là tous les jours pour l'aider à reprendre une vie normale", a indiqué son frère.
En 2006, M. Hakkar s'était signalé en signant, en compagnie de neuf autres détenus de Clairvaux (Aube), un texte réclamant "le rétablissement de la peine de mort", qu'ils disaient préférer à la "perpétuité réelle" les faisant "crever à petit feu". Il avait ensuite observé une grève de la faim de 42 jours en 2008 pour "dénoncer l'acharnement de la justice française contre lui".
Vendredi, un dernier épisode est venu conclure la longue carrière judiciaire de M. Hakkar. Le petit homme fluet et arborant moustache a été relaxé à Colmar dans une complexe affaire de carte d'identité prétendument frauduleuse. "Je me demande ce qu'on fait là, c'est totalement incongru mais tout ce qui concerne Abdelhamid Hakkar au plan judiciaire est complètement hors norme", a commenté son avocate. L'affaire avait bloqué une demande de libération conditionnelle de M. Hakkar en 2010.
(avec AFP)