La juge qui était en charge de l'enquête sur la mort d'anciens salariés du groupe Eternit a été dessaisie du dossier
Ce produit toxique a tué de nombreux salariés en Bourgogne : au moins 120 morts dans l'usine de Vitry-en-Charolais, en Saône-et-Loire.
Le coup est rude pour les victimes de l'amiante et leurs familles, qui étaient pleines d'espoir après la récente condamnation de deux responsables d'Eternit à 16 ans de prison par le tribunal de Turin. L'information donnée par le canard Enchaîné a été confirmée mardi 21 février 2012 : Marie Odile Bertella-Geffroy, qui était responsable de ce dossier depuis sept ans, a été dessaisie.
C'est la consternation pour les associations qui comptaient sur le courage et la ténacité de la juge. Malgré les nombreux obstacles mis sur sa route, Marie-Odile Bertella-Geffroy n'avait jamais baissé les bras. Envers et contre tout, elle continuait à refuser toutes les "promotions" qu'on lui proposait pour l'écarter du pôle de santé publique. En mars 2011, elle avait confié à France 3 Bourgogne pourquoi elle voulait aller jusqu'au bout dans le dossier de l'amiante.
La cour n'a pas motivé sa décision
La chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris a dessaisi la juge en décembre 2011 sans motiver sa décision. Le même jour, elle avait également annulé six mises en examen de plusieurs dirigeants, levant en particulier celle de Joseph Cuvelier qui dirigea le premier groupe d'amiante-ciment de 1971 à 1994. Il avait été mis en examen en novembre 2009 pour "homicides et blessures involontaires".
Mme Bertella-Geffroy a été dessaisie de l'ensemble de l'enquête qui concerne cinq usines d'Eternit, aujourd'hui filiale d'Etex : Vitry-en-Charolais (Saône-et-Loire), Valenciennes-Thiant (Nord), Caronte-Martigues (Bouches-du-Rhône), Albi (Tarn) et Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine). Le dossier, qui comprend 44 tomes, a théoriquement été confié à deux autres magistrats.