Relégué en Ligue 2, le club bourguignon va devoir se délester de plusieurs joueurs à fortes rémunérations
L'AJ Auxerre nage dans l'incertitude financière et sportive, avec des départs attendus. Mais aussi avec une équipe dirigeante qu'il faudra bien renouveler.
Elu président, il y a un an, avec des ambitions démesurées (la qualification en Ligue des champions), Gérard Bourgoin symbolise l'échec de la saison. "Je suis anéanti. Nous les avons tous vus descendre, l'OM, Bordeaux, Monaco, Lyon. Aujourd'hui, c'est nous. C'est une page qui se tourne", a-t-il dit après l'ultime revers. Le maintien à la tête de l'AJ Auxerre de l'ancien "roi du poulet", 72 ans, dont l'entreprise a fait faillite il y a quelques années, est incertain. Affecté moralement après ce nouvel échec personnel, il pourrait partir de lui-même ou être mis en minorité.
Toutefois, aucun homme fort ne se dégage parmi les dirigeants de l'association AJA Football qui détient à 99% la Société anonyme à objet sportif (SAOS) gérant le secteur professionnel dont Bourgoin est président. L'ouverture du capital du club, qui était la vitrine du département de l'Yonne, serait à l'étude pour permettre une prise de participation d'entrepreneurs locaux, à moins d'envisager un rachat par un hypothétique investisseur étranger, alors que la situation financière laisse présager des pertes à hauteur de 18 millions d'euros environ en fin d'exercice.
Une remontée qui s'annonce difficile
Successeur de Laurent Fournier, arrivé l'été dernier et débarqué en mars, l'entraîneur Jean-Guy Wallemme, dont la mission ne courait que jusqu'au 30 juin, devrait partir à son tour. Toutefois, Gérard Bourgoin n'est sans doute pas le seul responsable car l'AJA s'était engagé depuis plusieurs années dans une "lente régression", selon les termes de Guy Roux.
L'ancien entraîneur emblématique, qui intervient au niveau d'un secteur jeunes qui semble retrouver des couleurs après plusieurs années difficiles, souligne "qu'il a été privé de tout pouvoir il y a sept ans", lorsqu'il a laissé son poste à Jacques Santini pour une saison (2005-2006) avant que celui-ci ne parte à la moitié de son contrat, puis à Jean Fernandez (2006 à 2011).
En 2010, l'AJ Auxerre s'était classée 3e et avait franchi le tour de barrage de la Ligue des champions pour participer à la phase de poules (dernière place) mais avait sauvé sa place en Ligue 1 lors de la dernière journée en terminant 9e, un classement flatteur et trompeur.
"Des millions ont été gaspillés"
Elu d'opposition à Auxerre, l'ancien gardien Fabien Cool estime "que des millions ont été gaspillés ces dernières années car l'AJA disposait d'une tirelire conséquente après les ventes de Bacary Sagna, Younès Kaboul et d'autres joueurs". Sagna et Kaboul ont été les derniers gros transferts en 2007. "Pour quoi faire? Nous avons acheté 35 joueurs presque sans en vendre un", a-t-il ajouté dans des propos publiés lundi dans L'Yonne républicaine.
Désormais, le club va devoir se délester de plusieurs joueurs à fortes rémunérations mais peu performants et quelques jeunes talents vont susciter des convoitises comme Delvin Ndinga, Willy Boly ou encore Alain Traoré. Une remontée rapide paraît ainsi très difficile à envisager comme l'a aussi admis Guy Roux, à l'image d'autres clubs de L1 récemment relégués. "Car en dehors des erreurs sportives que l'on a pu voir sur le terrain, il y a eu des erreurs de gestion", insiste-t-il.