Préparer ses repas est la meilleure façon de bien vieillir, révèle une étude de l'INRA de Dijon
Contrairement aux idées reçues, l'un des grands maux qui guette le senior n'est pas la surcharge pondérale mais la dénutrition. C'est un vrai problème de santé publique.
La dénutrition est un manque d'apports en énergie et protéines. Cette forme de malnutrition a des conséquences en cascade sur la santé : diminution des défenses immunitaires, risques accrus d'infections nosocomiales, plus grande sensibilité au diabète.
Elle peut aussi provoquer un curieux effet "d'auto-cannibalisme" où, faute d'aliments, le corps brûle ses propres protéines, notamment dans les muscles longs des cuisses, ce qui fait que la personne âgée fait plus facilement des chutes.
Le remède, c'est de prolonger le plus longtemps possible le plaisir de manger et pour cela rien ne vaut de continuer à cuisiner soi-même, selon Claire Sulmont-Rossé de l'INRA (Institut de recherches agronomiques). Cette chercheuse dijonnaise a dirigé une enquête effectuée auprès de 559 personnes de plus de 65 ans. Les résultats montrent que 46% des personnes qui délèguent à un tiers tout ou partie de leur alimentation sont dénutris ou à risque de dénutrition.
La dénutrition n'est pas facile à repérer
"Dès lors qu'on délègue - même à un membre de sa famille - la préparation des repas, le risque de dénutrition augmente", a souligné Claire Sulmont-Rossé lors de la présentation de cette étude "Aupalesens" à l'occasion d'un colloque organisé en juin à Paris sur l'alimentation des seniors. Les personnes âgées peuvent alors tomber dans un cercle vicieux, où la dépendance entraîne la dénutrition et la dénutrition conduit à une plus grande dépendance.
Le problème majeur est que la dénutrition, au 3e et 4e âges, peut être difficile à repérer par les médecins. "Avec les personnes âgées, on a souvent affaire à des obèses dénutris. Un senior peut paraître obèse, mais est en fait dénutri avec toutes les pathologies associées à cette dénutrition", confirme Mme Sulmont-Rossé.
Le problème de dénutrition est surtout à surveiller dans les mois qui suivent l'entrée dans une résidence pour personnes âgées. L'entrée en institution constitue une rupture forte : la personne peut avoir l'impression d'être abandonnée et perdre le goût et le plaisir du bien manger. Pour Claire Sulmont-Rossé, "l'un des défis est d'augmenter le côté appétissant des aliments à destination des seniors, en respectant leurs besoins nutritionnels et leurs goûts pour tenir compte, notamment, du fait qu'un tiers d'entre eux n'aiment pas les saveurs sucrées".