Maître Teissonnière a été mis en examen jeudi 6 septembre 2012 pour diffamation après 1 plainte de la société Eternit
Me Jean-Paul Teissonnière, l'avocat de l'Association française des victimes de l'amiante (Andeva), avait accusé l'entreprise Eternit d'avoir empoisonné les gens pendant vingt ans.
En Bourgogne, on suit de près ce dossier car l'amiante a tué de nombreux salariés dans la région : au moins 120 morts rien que dans l'usine Eternit de Vitry-en-Charolais, en Saône-et-Loire.
A l'issue de sa mise en examen par un juge d'instruction parisien, l'avocat a jugé "très paradoxale" la perspective de se retrouver prochainement sur le banc des accusés. "L'avocat des victimes de l'amiante va devoir rendre des comptes de ce qu'il a fait alors qu'Eternit sera sur le banc de la partie civile", a-t-il dit. "Cette procédure sera cependant l'occasion d'aborder les questions essentielles de la responsabilité pénale des industriels dans le dossier de l'amiante".
En France, l'amiante est jugée responsable de 10% à 20% des cancers du poumon et devrait être responsable de 100.000 morts d'ici 2025, selon les autorités sanitaires. Son caractère cancérigène est connu depuis les années 1950 mais le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977. Les premières plaintes pénales de travailleurs exposés à l'amiante datent de 1996.
La procédure judiciaire française patine
Eternit était le premier producteur d'amiante-ciment jusqu'à l'interdiction de la fibre cancérigène en 1997. L'entreprise reproche notamment à Me Teissonnière le parallèle qu'il avait fait entre les responsabilités du groupe en Italie et en France lors d'un entretien à Télérama publié en novembre 2011 .
Alors que le tribunal de Turin a condamné en février deux responsables d'Eternit à 16 ans de prison, la procédure judiciaire française patine. En juin, la Cour de cassation a toutefois donné tort à la cour d'appel de Paris qui avait annulé six mises en examen d'Eternit et de ses dirigeants.
Pour aller plus loin :
-13 février 2012 : deux dirigeants de l'entreprise Eternit sont condamnés à Turin
-21 février 2012 : on apprend que la juge Marie Odile Bertella-Geffroy a été dessaisie du dossier Eternit, dans lequel elle était chargée de l'enquête sur la mort d'anciens salariés du groupe