L'inquiétude sur le site du Sernam à Gevrey

Sur le site de Gevrey, les salariés craignent que la reprise du Sernam par Geodis entraîne une délocalisation.

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Le leader du transport express industriel en France devrait être fixé sur son sort vendredi prochain, le tribunal de commerce de Nanterre ayant reporté sa décision au 13 avril. Sans grand suspense, Géodis étant le seul candidat à la reprise du Sernam. A Gevrey, les salariés redoutent une délocalisation du site.

 

Ce sera l'ultime épisode du feuilleton du Sernam. Après avoir beaucoup hésité, Géodis, filiale logistique de la SNCF, a maintenu son offre de reprise. Elle prévoit le maintien de 826 poste sur les 1 441 en France. A Gevrey-Chambertin, il serait question de 22 salariés repris sur 35.

Après son officialisation, la reprise devrait être effective trois semaines plus tard.

Sur le site de Gevrey-Chambertin, l'un des dix plus importants du Sernam en France, le travail se poursuit, non sans inquiétude. On sait déjà que 22 postes seront maintenus sur 33. "Avoir un reprenneur potentiel, c'est déjà une grande nouvelle", explique Didier Leyssene, directeur du Sernam Bourgogne.

Selon des sources syndicales, rien n'indique que le site de Gevrey puisse être sauvé.  Les bâtiments n'appartiennent pas au Sernam. Géodis, probable futur actionnaire, pourrait facilement choisir de délocaliser le site.

Les faits au 10 avruil :

"Geodis a décidé de maintenir son offre", a déclaré Maxime Dumont, secrétaire général de la fédération de transport de la CFDT avant le début de l'audience.
 

La reprise serait effective "à partir du 7 mai", a ajouté Patrice Clos, secrétaire général de la fédération FO du transport. Pour que l'offre soit recevable, la direction de Geodis doit officiellement annoncer, en début d'audience, son intention de reprendre l'entreprise, en redressement judiciaire depuis le 31 janvier. L'audience, à huis clos, a démarré vers 14H30.

Si l'offre est effectivement déposée, le tribunal devra l'examiner. Sa décision pourrait être mise en délibéré à la fin de la semaine, a indiqué une source proche du dossier.

Ce mardi 10 avril, cette source avait en outre indiqué à l'AFP que la justice avait demandé à Geodis de modifier son offre de reprise, notamment sur le volet social qui comprenait le maintien de 826 salariés sur 1.600.

Selon l'avocate du comité d'entreprise de Sernam, Me Aline Chanu, Geodis aurait accepté de revoir sa proposition de prix relative à la reprise du fonds de commerce. "L'offre est passée de 96 à 500.000 euros. Geodis a dû revoir son offre car elle n'était pas recevable en raison de son prix", a-t-elle affirmé, qualifiant de "vil" le prix initial.

Le PDG de Geodis, Pierre Blayau, s'est rendu au tribunal de Nanterre, mais il s'est refusé à tout commentaire avant la décision du tribunal de commerce.

Geodis est le seul candidat à la reprise. Une quarantaine de salariés de Sernam ont par ailleurs fait le déplacement jusqu'à Nanterre. Certains d'entre eux ont créé "un collectif de salariés non syndiqués" afin d'obtenir des informations sur ce dossier.

"Notre but est d'avoir des informations indirectes, de voir qui sont les décideurs, ces décideurs qui jouent au Monopoly et qui nous traitent comme du bétail alors que nous représentons des familles et l'amour du métier", a expliqué Marie Jégo, salariée de l'agence de Reims.

Elle s'est dit inquiète en dépit de la possible reprise par Geodis. "On n'est pas du tout rassuré par le maintien de l'offre de Geodis. C'est un effet d'annonce et on ne connaît pas du tout les conditions de reprise", a-t-elle déclaré.

L'issue du dossier Sernam est éminemment sensible à l'approche de l'élection présidentielle, le gouvernement souhaitant éviter à tout prix des licenciements à moins de deux semaines du premier tour. Le ministre des Transports, Thierry Mariani, s'est ainsi résolument placé dans la perspective d'une reprise par Geodis.

Ancienne filiale de la SNCF, Sernam avait été privatisée en 2005 et acquise par le fonds Butler Capital.
 

Rappel des faits au 9 avril :

Le PDG de Geodis, Pierre Blayau, assurait lundi dans Libération que l'offre était bien maintenue par la filiale de la SNCF, mais les syndicats, la CFDT en tête, en doutent.

La Commission européenne avait par ailleurs annoncé que le repreneur n'aurait pas à rembourser les 642 Millions d'aides touchées par Sernam, et jugées illégales par Bruxelles.

L'offre de reprise partielle des activités et le maintien des 1600 salariés était également mis sous condition de la viabilité économique du transporteur.

Sur le site de Gevrey Chambertin, les 37 salariés sont dans l'attente.

La décision devrait être annoncée en fin de journée, ou mise en délibéré, d'après la direction de Gevrey.

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