Plusieurs membres de l'UMP réagissent à la condamnation pour injures d'Arnaud Montebourg.
Le Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné à un euro symbolique, mercredi 23 mai 2012, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, pour injures envers les ex-membres de la direction de SaeFrance.
A peine nommé ministre, Arnaud Montebourg a été condamné mercredi 23 mai 2012, pour injure envers d'anciens membres de la direction de SeaFrance, mais ne sera pas exclu du gouvernement malgré des interrogations soulevées à droite sur une démission.
Ancien avocat, le ministre du Redressement productif a été condamné à un euro de dommages et intérêts pour avoir injurié Pierre Fa, Katherine Burro-Fleta, Jean-Claude Dechappe, Jean-Luc Drugeon et Vincent Launay en les traitant d'"escrocs" en septembre 2011. Il devra également leur payer 3.000 euros au titre des frais de justice et faire publier sa condamnation dans la Voix du Nord.
Dans une interview au JDD le 15 avril, le candidat Hollande avait pris l'engagement de ne pas avoir "autour de (lui) à l'Elysée des personnes jugées et condamnées".
Mais le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé mercredi que la condamnation d'Arnaud Montebourg n'était pas de nature à lui faire quitter ses nouvelles fonctions: "Toute condamnation qui disqualifierait un responsable politique pour des actes contraires aux valeurs de la République conduirait à l'exclure du gouvernement", a-t-il affirmé dans un communiqué, ajoutant: "Aucun membre du gouvernement n'est aujourd'hui dans ce cas de figure". Le service communication d'Arnaud Montebourg a indiqué à l'AFP qu'il n'avait pas encore décidé si le ministre ferait ou non appel.
L'ancienne ministre UMP de l'Apprentissage, Nadine Morano, a demandé sur BFMTV "la démission immédiate" de M. Montebourg, "au regard du principe édicté par (François) Hollande". Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est, lui, demandé si le président François Hollande allait appliquer ses "engagements électoraux". Lors d'une conférence de presse, François Hollande n'a pas répondu à une question sur M. Montebourg.
En campagne pour la primaire socialiste, Arnaud Montebourg s'était exprimé après une visite à Calais, dans les locaux du Syndicat maritime Nord CFDT. "On parle souvent de patrons voyous, là il s'agit d'une entreprise publique, c'est curieux... On ne fera pas de miracle, mais on peut dire à la SNCF que s'ils sont des incapables et qu'ils ont mis des escrocs à la tête de SeaFrance, ils vont l'aider à se relever", avait déclaré l'ancien député, dont les propos avaient été repris dans La Voix du Nord du 27 septembre.
Se sentant offensés, le patron de SeaFrance, Pierre Fa, et les quatre autres membres du directoire avaient assigné l'élu socialiste pour injure. Mercredi, la 17e chambre civile n'a pas retenu les termes d'"incapables" et de "patrons voyous", mais a jugé que le terme "escrocs" était "incontestablement outrageant". Dans son jugement, le tribunal reconnaît que "les hommes politiques doivent faire preuve d'une plus grande tolérance à la virulence de la critique", mais nuance-t-il, "cela ne signifie pas qu'à l'inverse, ils disposent d'une plus grande liberté d'expression que les autres citoyens pour manier l'invective".
Toutefois, considérant "le contexte conflictuel dans lequel les propos ont été tenus", le tribunal n'a alloué qu'un euro aux demandeurs, au lieu des 10.000 euros réclamés par chacun. La liquidation définitive de SeaFrance, la dernière compagnie française de ferries à relier Calais et Douvres, a été prononcée le 9 janvier après plusieurs semaines d'incertitude sur son avenir. Ce n'est pas la première fois qu'un ministre est condamné: l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux (UMP) était resté en fonction en dépit d'une condamnation pour atteinte à la présomption d'innocence et d'une autre pour injure raciale, suivie d'une relaxe en appel.