Témoignage d'une ancienne infirmière excisée à la barre, lors du 3ème jour du procès de l'excision à Nevers.
Une ancienne infirmière de 64 ans, excisée à l'âge de 10 ans, a témoigné sur ce "vrai problème de santé publique", jeudi devant la cour d'assises de la Nièvre qui juge un couple d'origine guinéenne pour l'excision de leurs quatre filles. "Il faut frapper les consciences, c'est un vrai problème de santé publique", a déclaré Christine Beynis. Née en Guinée et arrivée en France à 23 ans, elle est la présidente du Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles (GAMS).
"Devenue infirmière, j'ai vu les dégâts de l'excision sur la vie des femmes", a témoigné celle qui a été elle-même excisée, en évoquant les douleurs subies durant les rapports sexuels et l'accouchement. "C'est l'une des pires douleurs qui soit", a martelé Mme Beynis sous les yeux du couple mis en examen. Boubou gris et béquille d'un côté pour le père, un ancien marabout victime d'un accident vasculaire cérébral en 2003, tunique multicolore et bandeau élastique rose sur la tête pour la mère, ils se sont rarement exprimés et toujours via un traducteur.
Absentes durant la matinée, les quatre filles sont revenues une partie de l'après-midi. L'aînée, 20 ans, veste rouge, jean et talons, a été appelée par le président à réagir à ce témoignage. "Chacun son vécu. Elle, elle a souffert, moi je n'en ai aucune connaissance. Je ne sais pas si je suis excisée", a-t-elle déclaré à
Un peu plus tôt, Khady Koita, Sénégalaise de 52 ans, excisée à l'âge de 7 ans et auteur du livre "Mutilée", avait également apporté son témoignage. "L'excision est faite pour que la femme ne soit pas gourmande sexuellement avant le mariage. C'est un contrôle de la sexualité", a-t-elle assuré. Cette coutume ancestrale est interdite en France où elle est considérée comme une mutilation. Le verdict est attendu vendredi.