Il s'en va.... pourquoi et pour qui ?
Jean-Pierre Chevènement a annoncé, hier, qu'il retirait sa candidature à l'élection présidentielle. Cette nouvelle ne semble surprendre personne, en tous cas, pas les journalistes. Dans différents journaux, ils expliquent pourquoi il abandonne, ils retracent sa carrière, et surtout ils s'interrogent : qui va-t-il soutenir à cette présidentielle ?
Personne ne semble surpris de cette décision, même si elle a pris de court les partisans de Chevènement eux-mêmes. La veille encore, ils affirmaient que la bataille se poursuivait.
Ils espéraient encore que cette candidature ferait "bouger les lignes"... Jean-Pierre Chevènement qualifiait, lui, sa candidature de "pédagogique".
Fin de partie
"Le temps du "Ché" est passé, c'est ce que dit "Le Monde", en parlant de cette candidature comme d'un "baroud d'honneur".... L'un des blogs du quotidien du soir est intitulé "Tchao le "Ché" !"
La Voix du Nord n'y va pas par 4 chemins : «...On ne peut parler de surprise, tant la campagne du lion de Belfort ne décollait pas, navigant dans les profondeurs du 0%. Il y a des raisons à ce marasme. Ses thèmes de prédilection, la République, la réindustrialisation ou la reconquête de l'Europe par les nations, se retrouvent peu ou prou et sous des formes diverses dans toutes les bouches candidates à la présidence.
Il invoque dans sa déclaration "un manque de moyens" (financiers, humains). Le "Che", rebelle au traité de Maastricht, à la monnaie unique, à la Constitution européenne, était surtout inaudible...»
Qui soutenir ?
Reste maintenant à savoir qui Jean-Pierre Chevènement soutiendra au 1er tour de la Présidentielle François Hollande ou Jean-Luc Mélenchon ? Tous parlent de négociations entre le MRC et les deux formations politiques pour les législatives. Eh oui, une élection en cache toujours une autre... Si certains voient Chevènement proche idéologiquement de Mélenchon, d'autres pensent que Hollande a davantage a lui donner... 3, 5 ou 6 circonscriptions ?
Et maintenant....
Chevènement : combien de circonscriptions ?
Libération contaste que c'est le candidat socialiste qui a réagi le premier : « François Hollande, invité de RTL, n’a pas attendu pour saluer une "sage" décision. "Il ne tient qu’à lui de se mettre derrière le mouvement que j’ai engagé", ajoute le candidat PS. Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, dirait même plus: "une décision de sagesse". Puis, main tendue à l’ex-socialiste: "Sans être en accord total avec ses positions, je pense qu’il a sa place dans le mouvement de rassemblement et d’espoir qui se crée autour de François Hollande."... »
Dans "Le Monde", Jean-Luc Mélenchon se positionne : "Qu'il ne soit pas candidat, je le comprends. Maintenant, sa voix va compter", a réagi le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, sur France Inter. M. Mélenchon "attend avec beaucoup impatience de savoir" si M. Chevènement décide d'appuyer sa candidature ou celle de M. Hollande. "Pour le Front de gauche, ce serait un honneur de l'avoir avec nous", a-t-il ajouté.
Libération rapporte également les mêmes propos :"Quant à Jean-Luc Mélenchon, sans cacher «être différent à maints égards» de Chevènement, il a ouvert la porte en grand, sur France Inter: «Ce serait un honneur de l’avoir avec nous.» «J’attends avec beaucoup d’impatience de savoir ce qu’il décide», trépigne le candidat du Front de gauche.
Pour le site du c'est avec Mélenchon que Chevènement a le plus de convergences politiques : "En 2002, il avait déclaré vouloir tournebouler le système. La meilleure façon de le faire serait de soutenir Jean-Luc Mélenchon", renchérit le conseiller spécial du député européen. "C'est le choix le plus cohérent pour ses militants", conclut Eric Coquerel. Jean-Pierre Chevènement "se situe sur le même électorat potentiel que Jean-Luc Mélenchon", assurait en novembre dernier au JDD.fr Eddy Fougier, politologue et chercheur à l'Iris."
Pour la Voix du Nord, entre les deux ex-socialistes, autrefois concurrents au sein du même parti, c'est un peu plus compliqué... "Mais, de son côté, Jean-Luc Mélenchon reste sceptique sur cet éventuel ralliement. "Nous sommes alléchés, mais on a trop bourlingué et trop vécu pour s'embraser à une oeillade, surtout qu'on a l'impression qu'on n'est pas toujours les seuls destinataires", a lancé le candidat (Jean-Luc Mélenchon)"
Selon Libération, des négociations ont lieu : "De manière plus ou moins informelle, le dialogue a lieu entre le Mouvement républicain et citoyen et le PS, comme avec le Front de gauche. Avec Eric Coquerel, notamment, ancien chevènementiste parti en 2003, et aujourd’hui conseiller spécial de Mélenchon. Avec les socialistes, «des discussions ont débuté en mai 2011, sur un accord politique et électoral mais cela n’avance pas vraiment», explique à Libération Julien Landfried, secrétaire national MRC à la communication"
Libération croit connaître les exigences de Jean-Pierre Chevènement : "Le MRC demanderait au PS le même nombre de circonscriptions qu’en 2007, c’est-à-dire 10 candidats aux législatives. Ce qui coince, le PS proposant moitié moins. Mais le MRC peut-il être aussi gourmand qu’il y a cinq ans? Les socialistes avaient alors le souvenir d’un «Che» à 5,33% des voix à la présidentielle de 2002, accusé même d’avoir coûté à Lionel Jospin sa qualification pour le second tour, et capable de ratisser du côté des nonistes au référendum européen de 2005.
"Les yeux ouverts"
Le site du Point va plus loin et pense que Jean-Pierre Chevènement soutiendra François Hollande : "Au PS, on jure que la concomitance des dates n'est qu'une coïncidence. La proximité entre l'annonce du retrait de Jean-Pierre Chevènement de la course à l'Élysée, ce matin, et une réunion entre chevènementistes et socialistes, hier, est pourtant troublante. Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, François Lamy, bras droit de Martine Aubry, et Christophe Borgel, chargé des élections au PS, étaient dépêchés dans un lieu neutre, à Paris, pour négocier avec les émissaires de Chevènement. Les termes de la négociation sont connus : depuis son entrée en campagne, fin 2011, le président d'honneur du MRC souhaite obtenir plusieurs circonscriptions législatives gagnables contre son retrait. Christophe Borgel explique que rien n'a été formellement signé hier entre les deux formations. Le PS semble toutefois prêt à soutenir des candidats du MRC dans une poignée de circonscriptions (entre 5 et 8), dans lesquelles les socialistes ne présenteraient donc pas de candidat. Selon un dirigeant du PS, les deux formations se sont entendues pour que Jean-Pierre Chevènement soutienne désormais publiquement François Hollande. "
Jean-Pierre Chevènement, lui, a dit qu'il fera son choix "les yeux ouverts"...
Juste pour terminer, la palme de l'originalité revient à Patrick Besson, du Point, qui, comme d'habitude, emprunte le style d'un écrivain, ici Samuel Becket, pour parler de Jean-Pierre Chevènement :"...De la Recherche. Puis de l'Éducation nationale (1984-1986). Et de la Défense (1988-1991). Les bonnes années 1980. J'avais tout. J'étais tout. Un peu comme Madonna. Ou Philippe Djian. Ou Isabelle Adjani. Le pouvoir de dire. De faire. Je dominais cette dune où je suis. Aujourd'hui. Enterré jusqu'au menton. Mon cartable. Si au moins je pouvais prendre mon cartable. Il y a ma vie. Dedans. Je récupérerais. Ma vie. Mais mes. Mes deux bras pris aussi. Seule ma tête. De plus en plus. Lourde.Le Point Patrick Besson
On devient, élu, le père de tout et tous, le fils de tout et tous. On se gonfle. Comme une voile. Il a dit comme une voile. À chaque élection, j'entends le vent dans ma voile..."