Les têtes maories conservées par la France sont restituées officiellement à la Nouvelle-Zélande lundi 23 janvier 2012.
Le musée de Sens a restitué une tête maorie
20 têtes maories dont celle retrouvée au musée de Sens dans l'Yonne ont été officiellement restituées ce matin à la Nouvelle-Zélande au cours d'une cérémonie traditionnelle maorie qui s'est tenue au Musée du Quai Branly à Paris, en présence des autorités françaises et néo-zélandaises. Nathalie Baff
En 1844, une tête momifiée avait été donnée au musée de Sens par un collectionneur qui avait constitué un cabinet de curiosités.
La majorité des sociétés océaniennes conservaient religieusement les crânes séchés de leurs ancêtres. Ils coupaient parfois aussi la tête de leurs ennemis prestigieux en guise de trophées. Mais "les Maoris ont perfectionné à l'extrême cette technique", souligne Christian Coiffier, ethnologue spécialiste du Pacifique Sud. C'est cette "habileté incomparable" et surtout les tatouages uniques ornant ces visages momifiés qui ont suscité le vif intérêt des explorateurs et marins européens ayant abordé en Nouvelle-Zélande à partir de la fin du XVIIIe siècle.
Très vite, l'engouement et la curiosité suscités par ces reliques ont entrainé un véritable commerce avec les Maoris. Ces derniers y voyaient l'occasion d'obtenir des armes à feu. Encouragés par leurs acheteurs, les Maoris organisent donc des raids chez leurs ennemis pour se procurer des têtes, capturent des esclaves pour les décapiter et tatouer leurs têtes post-mortem...
Le gouvernement britannique aura beau interdire ce négoce en 1831, le trafic se poursuivra illégalement bien au-delà de cette date. Des centaines de têtes coupées ont ainsi été disséminées dans différents pays d'Europe.
Des preuves par l'ADN nucléaire
Outre celle du musée de l'Yonne, une vingtaine de têtes momifiées seront remises à la Nouvelle-Zélande par le ministre de la Culture et de la Communication lors d’une cérémonie officielle au musée du quai Branly, à Paris. Elles seront rendues aux représentants du peuple maori pour qu'elles puissent être inhumées selon les rites de leur tribu d'origine, à condition que celle-ci puisse être identifiée.
Pour s'assurer que les têtes conservées par la France sont authentiquement maories, on a fait appel à des anthropologues, généticiens et biologistes. L'ADN nucléaire, hérité de la lignée paternelle, a prouvé de manière "quasi certaine" que ces têtes sont bien celles d'ancêtres maoris. Et elles constituent même vraisemblablement les plus anciennes "séquences génétiques" de ce peuple connues à ce jour, indique Régis Debruyne, spécialiste de l'ADN ancien.