Comment Siva Sivasankaran est-il passé d'un poste de formateur informaticien à celui de vendeur de roses ?
Qui est Siva le vendeur de roses indien ?
Nous vous avons souvent parlé dans ce journal de la situation de Siva Sivasankaran, ce ressortissant indien sans papiers qui vendait des roses à Besançon. Retour sur son parcours.
Il est difficile de raconter l'histoire de Siva Sivasankaran. Comme beaucoup d'étrangers dans sa situation, son parcours est semé de décisions de justice, de choix personnels, de soutien et de rejets. France 3 Franche-Comté vous a souvent parlé de lui. Aujourd'hui, nous retraçons son parcours.
Les informations dont nous disposons proviennent de plusieurs sources, dont une lettre d'élus et de soutiens envoyée au Préfet de région en juillet 2010 et qui retrace le parcours de Siva, et puis des décisions de justice, qui ont ponctué le parcours du jeune homme.
5 ans de régularité, puis un licenciement abusif
Siva Sivasankara serait né en Inde, en 1980, dans une région du sud, nommée Tamilnadu. Il arrive en France en 2000, diplômé d'informatique, contrat de travail en poche : un sous-traitant de General electric, aujourd'hui disparu, l'embauche comme formateur informaticien. Il a 20 ans. Titre de séjour, contrat, Siva s'installe donc à Belfort.
Mais quelques années plus tard, l'entreprise péréclite et licencie le jeune Indien. Il travaille en intérim et en CDD dans sa spécialité, et gagne un procès aux Prud'hommes, pour licenciement abusif. Mais en 2005, un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière tombe. Le premier d'une longue série. Son titre de séjour n'a pas été renouvelé.
Retour en Inde, retour en France
Siva Sivasankaran retourne donc dans son pays d'origine. Il reviendra en France quelques mois plus tard et annoncera à ses amis que sa famille a péri dans le tsunami : plus rien ne le retient en Inde. Il cherche donc à régulariser sa situation sur le sol français afin de pouvoir travailler dans l'informatique. Mais il est arrêté et expulsé en Inde. Il reviendra encore sous une fausse identité puis sera réexpulsé.
Le ballet des expulsions ne s'arrête pas. Il se marie pourtant en 2008 avec une Française, connue lors de ses différents séjours. Mais à chaque fois, ses demandes de régularisation sont rejetées. Les lois sur l'immigration se durcissent, trois préfets se succèdent en Franche-Comté.
Le temps des roses
Siva ne peut pas travailler en France. Il a pourtant reçu plusieurs promesses d'embauches, dans l'informatique comme dans la restauration, mais aucune n'a suffi à lui procurer un titre de séjour.
Il devient donc vendeur de roses. Les clients des restaurants bisontins le connaissent bien. Les restaurateurs aussi. Et les obligations de quitter le territoire français se multiplient.
En 2010, il refuse de monter dans l'avion en partance pour l'Inde. Il écope de 1000 euros d'amende avec sursis pour "soustraction à une mesure d'éloignement". Puis il vendra des roses, encore.
Aujourd'hui, encore le centre de rétention
12 ans après l'arrivée de Siva Sivasankaran en France et plusieurs allers-retours en Inde, le voilà encore en centre de rétention. Siva a été arrêté à Belfort en mars dernier puis conduit dans un centre de rétention en Alsace. Il est en attente d'expulsion. Sa nouvelle compagne, elle, espère qu'il ne partira pas : elle dit porter son enfant.