"Je ne fais pas tout ce travail pour que mes moutons se fassent bouffer", les éleveurs inquiets après de nouvelles attaques du loup en Saône-et-Loire

Après un passage dans la Bresse, le loup est de retour dans le Charolais. Le prédateur multiplie les attaques : neuf en l'espace de deux semaines. Les éleveurs subissent, et tentent de se protéger. L'inquiétude monte.

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Lors de l'inspection quotidienne de son troupeau mercredi 8 décembre au matin, c'est le choc : les brebis de Vincent Rameau sont en sang. Sept ont été tuées, sept autres blessées. 

L'attaque a eu lieu dans la nuit, à quelques mètres seulement de l'habitation de l'éleveur. À Oudry (Saône-et-Loire), c'est une première. "J'ai appelé la gendarmerie, qui a fait appel à l'Office français de la biodiversité", raconte l'éleveur. "J'attends de savoir si c'est le loup..."

Neuf attaques en deux semaines

Cette attaque serait la dernière d'une série de massacres, imputée au loup depuis deux semaines. Il a été photographié le 28 novembre, à Marigny.

Depuis, sept massacres ont été recensées dans ce même secteur, à Saint-Eusèbe et Blanzy notamment, et dans le Charolais. Deux encore ont été constatées dans la Bresse, sur les communes de Chapelle-Thècle et Branges.

Pour protéger le reste de son troupeau d'une éventuelle nouvelle prédation, Vincent Rameau a demandé du matériel de protection d'urgence à la préfecture. "On va rentrer les brebis chaque soir, en plus de l'installation de la clotûre", indique l'éleveur. "On n'avait déjà pas un grand cheptel... ce n'est pas encourageant."

 

Je n'ai pas fait tout ce travail pour que mes moutons se fassent bouffer"

Pascal Chaponneau

Président de l'OS Mouton Charolais

À 20 kilomètre de là, sur la commune d'Uxeau, Pascal Chaponneau rentre également ses bêtes dans l'étable tous les soirs, depuis quinze jours. "D'habitude, elles restent dehors en pâture jusqu'au 20 décembre", lance l'éleveur d'ovins. Mais il préfère prendre toutes ses précautions.

"C’est un coût supplémentaire en nourriture, c’est du travail en plus et ce n’est pas comme ça que je conçois mon troupeau. Mais je suis obligé de les rentrer parce que je n’ai pas fait tout ce travail pour que mes moutons se fassent bouffer par le loup", se résout Pascal Chaponneau.

L'Uxellois est agacé. Président de l'OS Mouton Charolais, il fait également de partie de l'Association pour la Sauvegarde de l'Élevage et de la Biodiversité (ASEB 71). Elle vise à épauler l'Office Français de la Biodiversité (OFB) dans l'identification du loup, de façon plus rapide. 

"On passe un temps fou, un mois, deux mois, avant d’avoir la moindre conclusion. Avant de comprendre ce qu’il est en train de se passer, on se retrouve avec 150 brebis dévorées et on n'a toujours rien de fait", soupire l'éleveur. L'association a donc installé des pièges photographiques dans le département.

Être reconnu Zone difficilement protégeable 

À terme, l'association espère également obtenir des pouvoirs publics le statut de Zone difficilement protégeable (ZDP). Cela permettrait d'alléger le protocole et de procéder directement au tir de défense, épargnant au passage aux éleveurs l'installation de coûteux filets de protections. 

"Je pense que c’est la seule solution, estime Pascal Chaponneau. "On a bien vu que le loup peut sauter par-dessus les filets, il attaque au contraire plus facilement puisque les animaux sont parqués. On ne pourra pas exploiter dans ces conditions, c'est impossible." 

Pour l'instant, seules quelques communes au sud du Massif Central en bénéficient. 

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