En ce mardi 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, un constat s’impose. Selon l'association Aides en Bourgogne, l’épidémie du Covid-19 a eu un profond impact sur le suivi des patients touchés par le VIH et sur la lutte contre le Sida.
En 2020, la pandémie de Covid-19 a monopolisé l'attention du monde entier reléguant au second plan la prévention ou le dépistage de certaines maladies comme le VIH. Selon les associations de lutte contre le sida, cette crise sanitaire a fourni un nouvel exemple des liens étroits existant entre la santé et la réduction des inégalités ou encore les droits humains.
C'est pour cela que la campagne de lutte cette année met l'accent sur les discriminations. "On a surtout vu des personnes, déjà en précarité, qui se sont retrouvées en grande précarité. Notamment les travailleuses et travailleurs du sexe, qui du fait du confinement, ne pouvaient plus travailler", remarque Jérémy Leonard, référent dépistage VIH région BFC chez Aides. "Et les consommateurs de produits psychoactifs, surtout ceux en grande précarité qui étaient à la rue, verbalisés par les forces de l'ordre."
La Covid-19 a fragilisé davantage certaines populations qui n’ont pas accès aux aides sociales et faute de travail, ils et elles n’ont pas de revenus, donc leur priorité est de manger et non pas se soigner. "Quand on est discriminé, on prend soin de sa santé", ajoute Jérémy Léonard.
Selon lui, le Covid-19 n'a fait qu'amplifier cette discrimination. "Sur notre activité, avec le confinement, on a eu du mal à rencontrer ces publics-là. On a eu une perte de la fréquentation de notre public car il était confiné."
Moins de suivi et moins de dépistages
L’épidémie de coronavirus a bouleversé le suivi de nombreux patients touchés par le VIH et le public suivi de près par l'association Aides. "On a eu un gros impact de l’épidémie sur notre activité, notamment sur le dépistage rapide que l’on proposait", explique Jérémy Leonard.
Avec le confinement, il était difficile pour les membres de l'association de garder le contact avec les personnes à risques. "Les personnes pouvaient passer commande de matériel mais pas la possibilité d’accueillir les personnes , de parler avec elle et de faire des tests de dépistage. On sait qu’il y a eu des prises de risque durant ce confinement."
Le dépistage de la maladie a considérablement reculé avec 650 000 tests de moins sur les neuf premiers mois de 2020, selon la Société française de lutte contre le Sida. D’où un risque de passer à côté de cas positifs.
"On a le sentiment qu’on ne parle plus suffisamment du VIH et cela s’est aggravé avec la crise du Covid", regrette Jérémy Leonard. "Le dépistage reste le seul moyen de connaitre son statut sérologique et de pouvoir adapter son comportement lors de relations sexuelles ou avant de consommer des produits psychoactifs."
Des traitements méconnus mais efficaces
Malgré toutes les campagnes de prévention et de dépistages, les moyens qui existent pour limiter la propagation du VIH sont peu connus.Les personnes séronégatives ont la possibilité d'avoir accès à un traitement préventif contre le VIH qui s’appelle la prep, Proxylaxie pré-exposition, qui permet de prendre des comprimés avant les relations sexuelles et de rester séronégatif au VIH. Et il y a aussi le pep, pour prophylaxie post-exposition, un traitement préventif à prendre dans les 4 premières heures qui suivent un rapport sexuel à risque.
Aujourd'hui, on ne guérit pas du VIH. Quand on est contaminé, c'est à vie."
"Si on est séropositif, il y a un traitement qui s'appelle le TasP (Treatment as Prevention), qui permet quand on est séropositif d’avoir une charge virale indétectable, soit un taux de virus extrêmement faible", explique Jérémy Leonard. "De ce fait, on ne contamine plus son ou sa partenaire lors d'un rapport sexuel non protégé."
Les traitements ont fortement évolué ces dernières années et compliquent moins la vie des personnes séropositives. "Aujourd’hui, on ne guérit pas du VIH. Quand on est contaminé, c’est à vie. Pour autant, le traitement que l’on donne aux personnes séropositives est beaucoup mois invasif que les traitements qui existaient dans les années 90 ou même au début des années 2000. On n’est plus qu’à un comprimé par jour et on n'a beaucoup moins d’effet secondaires."
Si je dois mourir, ce ne sera pas du Sida
Aujourd'hui en France, on peut vivre normalement avec le virus. "On a une qualité de vie avec le VIH qui est bonne. On a la même espérance de vie qu’en personne séronégative."
C'est le cas de Roger Kaoua. Agé de 78 ans, cet Icaunais vit depuis 27 ans avec le virus. "Je vais bien. Je suis suivi comme tous les gens séropositifs qui font attention à leur santé deux fois par ans par un médecin hospitalier", témoigne l'Icaunais. "Aujourd'hui, si je dois mourir, ce n'est certainement pas du sida".
Plusieurs lieux de dépistage
L'association Aides et plusieurs structures sont là pour aider au dépistage. Il y a la possibilité du dépistage rapide dans tous les lieux Aides ou les autotest disponibles en pharmcie sans ordonnance.
"Il y a la possibilité du test classique avec une prise de sang sur ordonnance de votre médecin généraliste", ajoute Jérémy Léonard. "Il y a également les Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) qui sur rendez vous peuvent faire un dépistage VIH et toutes les Infections sexuellement transmissibles."
Et pour se protéger, le préservatif est l’outil le plus efficace pour prévenir à la fois l’infection par le VIH et les autres IST.