À Perrigny (Jura), un médecin généraliste pousse un coup de gueule contre le processus de vaccination après qu’une de ses patientes amputée ne peut pas se déplacer pour bénéficier du vaccin Pfizer à Juraparc.
Elle n’est pas la seule patiente du docteur Gérard Carpentier à être mise de côté dans cette campagne de vaccination contre la Covid-19. « Ils sont une vingtaine » calcule le médecin.
Une femme d’une quarantaine d’années, partiellement amputée d’une jambe, ne peut pas bénéficier de l’AstraZeneca, le seul vaccin que les généralistes sont autorisés à injecter, puisqu’il est réservé aux plus de 55 ans.
Seule solution pour elle : se déplacer à Juraparc, le Parc des expositions de Lons-le-Saunier transformé en centre de vaccination. Là-bas, le Moderna et le Pfizer peuvent lui être administrés puisqu’elle entre dans la catégorie d’âge.
Sauf que son état de santé ne lui permet pas de se déplacer. Il faudrait mobiliser une ambulance pour l’y acheminer
« Je me suis donc rendu à Juraparc en expliquant la situation et j’ai demandé une seringue de vaccin ». Mais le médecin a reçu un non ferme. « La responsable du centre me dit que c’est impossible parce qu’elle ne pourra pas justifier le manque d’une dose. Or tout le monde sait qu’avec un flacon de 10 doses on peut en faire 12 et qu’elle ne pourra pas justifier non plus le fait que ce n’est pas eux qui font l’injection, que je n’aurai pas le numéro de lot etc »
Si les patients ne peuvent pas se déplacer alors c'est à nous d'aller vers eux
Défenseur de ses patients jusqu’au bout, conscient de sa bonne foi, le docteur explique qu’il peut faire lui-même l’injection et noter lui-même le numéro de lot. « La responsable du centre me dit qu’éventuellement, elle peut avec la carte vitale de la patiente noter comme si eux avaient fait la vaccination. Ce qui est discutable aussi, je peux très bien, ne pas faire l’injection après ». Sa patiente, ne se fera donc pas vacciner.
A l’heure où le nombre de primo vaccination diminue, il est inconcevable que les médecins généralistes et les infirmières ne puissent pas se fournir de doses de vaccins à l’unité pour les patients ne pouvant pas se déplacer
Le docteur estime qu’une vingtaine de ses patients ne sont pas suffisamment autonomes pour aller se faire vacciner soit dans son cabinet, soit au centre de vaccination. « Ca touche un tout petit nombre, certes, mais pourquoi ne pas créer des équipes mobiles pour aller vacciner ce public-là ? Pourquoi administrativement on ne peut pas être autorisés à aller chercher quelques doses Pfizer pour certains de nos patients ? » conclut, consterné, le Dr Gérard Carpentier.