Dans le Jura, loin du salon de l'agriculture, la Confédération Paysanne a choisi de manifester à sa manière. Pour les manifestants, l'urgence n'est pas d'affaiblir les normes environnementales ou les droits sociaux, il faut un autre modèle de production agricole.
"Pour sauver notre peau, mangeons bio" ou encore "le libre échange affame, l'agriculture paysanne nourrit" : voilà des slogans différents de ceux que l'on a pu entendre ces dernières semaines, depuis le début de la crise agricole.
Dans le Jura, à Champagnole, loin du salon de l'agriculture, qui vient d'ouvrir ses portes, la Confédération Paysanne et le Groupement des Agriculteurs Bio ont choisi de manifester à leur manière, pour montrer leur différence. Pour les manifestants, l'urgence n'est pas d'affaiblir les normes environnementales ou les droits sociaux, il faut un autre modèle de production agricole.
Au programme de la journée : une opération escargot, menée par des agriculteurs sur leurs tracteurs, dans les rues de Champagnole. Puis un marché paysan, sur le parking d'une enseigne de la grande distribution.
Une manifestation d'agriculteurs, mais pas uniquement avec des agriculteurs : "On se bat tous pour pouvoir vivre, l'inflation est galopante et les salaires ne sont pas indexés sur l'inflation", explique ainsi Yvan Nagenrauft, du syndicat Solidaires finances publiques, à notre équipe de reportage (Thierry Chauffour et Jean-Stéphane Maurice)
Selon Nicolas Girod, membre de la Confédération Paysanne du Jura, et ancien porte-parole national, la crise agricole est liée à la question du revenu. "Notre priorité est l'instauration d'un prix plancher pour nos productions. Les acheteurs de la grande distribution ne pourraient plus imposer des prix inférieurs."
Au lendemain de l'ouverture agitée du salon de l'agriculture, le président de la République semble avoir repris à son compte cette idée. Une petite satisfaction pour la Confédération Paysanne :
Avancée de la Confédération paysanne ! @EmmanuelMacron a annoncé des prix planchers, mesure structurante revendiquée par notre syndicat. Il faudra obligatoirement l'assortir d'outils de régulation des marchés et que ça concerne toutes les filières. #revenupaysan #StopALE pic.twitter.com/bUJb7RNiCY
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) February 24, 2024
Cette revendication des prix planchers n'avait jusqu'à présent pas été retenue par les pouvoirs publics. Elle est absente de la loi "Egalim", qui vise à améliorer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire : "Cette loi existe depuis 5 ans, elle n'est pas respectée et elle est inefficace. Les acheteurs de la grande distribution doivent prendre en compte les coûts de production des agriculteurs, mais la loi n'impose pas une prise en compte totale de ces coûts."
Quant à l'allègement des mesures environnementales, en particulier celles qui concernent les pesticides, Nicolas Girod les rejette :
On pousse à continuer de produire plus, au moindre coût, au détriment du revenu.
Nicolas Girod, Confédération Paysanne du Jura
Le salon de l'agriculture ? Non merci !
La manifestation organisée à Champagnole est dans la continuité des actions menées par la Confédération Paysanne en Bourgogne-Franche-Comté : des actions loin du salon de l'agriculture, mais au plus près des paysans et des consommateurs.
C'est par exemple l'objectif de l'opération "Salon à la ferme" qui se déroule depuis le 15 février. "Les visiteurs ne vont pas au salon, mais à la ferme, c’est une autre manière de se faire rencontrer le public et le monde agricole. On veut rompre avec la vitrine à Paris", comme le précisait Laurence Lyonnais-Meslob, porte-parole de la Confédération paysanne du Doubs et du Territoire de Belfort.
Le dernier rendez-vous de "Salon à la ferme" est fixé au parc des expositions de Port-sur-Saône, en Haute-Saône, ce dimanche 25 février.