"Ils nous laissent crever en silence" : la FNSEA lève les blocages, les autres syndicats agricoles accusent le coup en Franche-Comté

Jeudi 1er février, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures en direction des agriculteurs, lancés depuis deux semaines dans un important mouvement social. Si la FNSEA a appelé à suspendre les blocages, la Coordination rurale et la Confédération Paysanne, autres syndicats du secteur, affichent leur déception. Exemple en Franche-Comté

Mise en pause du plan Ecophyto, assouplissement des règles sur le maintien des surfaces en prairies, enveloppe de 150 millions d'euros en soutien aux éleveurs, renforcement de la loi EGalim... Jeudi 1ᵉʳ février, le gouvernement a annoncé un volet de nouvelles mesures, en réponse au mouvement social des agriculteurs, qui a connu son paroxysme mercredi 31 janvier avec l'interpellation de 91 personnes,  dont 11 Francs-Comtois. À Rungis, certains agriculteurs se sont introduits dans le marché de Rungis (Val-de-Marne),

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Au vu de ces annonces, les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages d'agriculteurs en France. "Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu'on change de modes d'action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation", a indiqué le président des JA, Arnaud Gaillot, aux côtés du patron de la FNSEA Arnaud Rousseau lors d'une conférence de presse à Paris au siège de la FNSEA.

La question est : aura-t-on des réponses concrètes et rapides pour garder une situation calme ? 

Jean-Noël Monnier,

président de la FDSEA 90

La posture du syndicat agricole majoritaire en France est très vite redescendue en début d'après-midi dans les départements. Dans le Territoire de Belfort, Jean-Noël Monnier, président de la FDSEA 90 surfe sur la même ligne. Après cette deuxième salve d’annonces, il attend désormais une clarification. “Sur les réponses apportées, elles sont relativement vagues. Cela suscite beaucoup de méfiance et de prudence de la part des agriculteurs" explique-t-il à France 3 Franche-Comté. "Dans les décennies précédentes, on se souvient de réponses à des temps de crise qui n’ont pas été adaptées”.

On a besoin d’avoir des traces écrites, des annonces, prendre le temps de la réflexion, prendre le temps avec la base… Je pense que l’État a pris la mesure du problème, on est bon dans le discours, est-ce qu’on le sera dans les faits” s’interroge Jean-Noël Monnier. Pour rappel, dans le plus petit département de France, les agriculteurs ont bloqué ces derniers jours une partie de l’A36. Des barrages le temps d’une journée, qui pourraient reprendre si les avancées concrètes n’y sont pas.  

La colère de la Coordination rurale

Du côté des autres syndicats agricoles, c'est la douche froide après ces annonces. "Je ne suis pas déçu de ces mesurettes, je suis juste dégoûté" lâche en milieu d'après-midi Marc Saumont, président de la Coordination rurale (2ᵉ syndicat agricole, classé à droite) de Haute-Saône. "Ils n'ont rien annoncé de majeur. Rien sur les revenus. C'est du foutage de gueule. Et je mets l'État et la FNSEA dans le même panier".

La FNSEA nous a enfumé. Ils ont mobilisé le petit peuple du bas pour agiter les drapeaux dans les cortèges, mais ils s'en fichent de nous. Ceux qui ont négocié avec l'État ne connaissent rien de notre quotidien.

Marc Saumont,

président de la Coordination rurale de Haute-Saône

Et le céréalier de jeter un regard amer sur les deux semaines de mobilisation historique. "On est tous montés, on s'est tous mobilisés, on a quitté nos fermes pour défendre notre avenir, et voilà le travail" continue-t-il. 

"J'ai toujours des gars motivés, et des jeunes qui m'appellent tous les jours pour agir. Mais maintenant, même si on bouge, on ne va rien obtenir" conclut Marc Saumont."On va crever en silence. Je n'ai même plus envie de me battre dans un syndicat". Finalement, la Coordination rurale rejoint les deux syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs qui ont appelé à suspendre les blocages d'agriculteurs. Véronique Le Floch, présidente de la Coordination rurale a demandé à ses adhérents de rentrer dans leurs exploitations. Elle a toutefois prévenu que d'autres actions pourraient suivre.

La déception de la Confédération paysanne

Bien qu'opposé sur l'échiquier politique, le syndicat Confédération Paysanne (classé à gauche) accuse lui aussi le coup. "Il faut être réaliste. Notre première revendication était une amélioration de nos revenus. Et on n'a rien là-dessus" explique Marc Allemand, porte-parole en Haute-Saône.

On enlève des dispositifs en faveur de l'environnement en espérant que ça nous aide. Alors que c'est faux. On ferait bien de s'attaquer au pouvoir des grandes distributions, qui elles nous font du mal.

Marc Allemand,

porte-parole en Haute-Saône

"Depuis 20 ans, on nous dit de baisser les pesticides, les produits phytosanitaires" reprend Marc Allemand. "Et là, on nous envoie des signaux inverses. Ce n'est pas ça qui va nous sauver". En Haute-Saône, la Confédération paysanne a choisi de maintenir ses actions déjà prévues, notamment un "marché paysan" devant un magasin Leclerc, à Vesoul, avant une réunion chargée de déterminer la marche à suivre.

La FNSEA, elle, a déjà posé plusieurs conditions pour ne pas reprendre le mouvement : de "premiers résultats" d'ici le Salon de l'agriculture (24 février-3 mars), l'adoption d'une loi d'orientation et d'avenir agricole ainsi que des mesures européennes d'ici au mois de juin.

 
"Si d'ici là, ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n'hésiterons pas à rentrer dans un mouvement de mobilisation d'ampleur générale", a déclaré Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs au plan national. 

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