Mercredi 31 janvier 2024, onze agriculteurs, membres de la Coordination Rurale de Haute-Saône et du Doubs, ont été interpellés par les forces de l'ordre. Ils étaient arrivés dans la matinée devant les portes du marché de Rungis. Ils ont passé l'après-midi en garde à vue avant d'être relâchés vers 19 heures.
C'était la ligne rouge fixée par le gouvernement. Les agriculteurs, engagés depuis deux semaines dans un important mouvement social à travers tout le pays, ne devaient en aucun cas s'approcher du marché de Rungis, le plus grand marché de produits frais au monde. Ligne franchie ce mercredi 31 janvier 2024.
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Vers 10 heures du matin, dix-huit tracteurs, dont une dizaine appartenant à des agriculteurs de la Coordination Rurale de Haute-Saône et du Doubs, sont arrivées devant la porte de Paray (une des entrées du marché de Rungis), où une dizaine de cars de CRS les attendaient.
"C'est un lieu symbolique, on est venu là pour dire qu'on a besoin d'un marché mais d'un marché qui nous rémunère" a expliqué à l'AFP un des manifestants, Frédéric Ferrand, céréalier de Lavoncourt (Haute-Saône), et membre de la CR 70. Dans sa voiture, il a piloté le petit groupe avec lequel il est arrivé sur place. "Éleveurs, laitiers, producteurs de viande, toute la profession est représentée", a-t-il détaillé.
Il n'y a eu aucune dégradation. Ils sont arrivés, se sont garés avant de se prendre en photo devant les portes. Puis, ils se sont fait interpeller.
Marc Saumont,président du CR 70
Sur les 18 interpellations, huit agriculteurs haut-saônois et trois doubistes "essentiellement des jeunes sympathisants" précise Marc Saumont. Ils ont été placés en garde à vue dans la foulée pour "entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique" explique le parquet de Créteil (Val-de-Marne).
"Nos gars ont été arrêtés plusieurs fois depuis notre départ" reprend Marc Saumont. "Mais ils sont toujours arrivés à contourner les barrages pour trouver des petits chemins jusqu'à Rungis. Je les ai appelés, ils ne sont pas inquiets. On espère qu'ils sortiront dans la soirée". Souhait exaucé. Tous ont été relâchés le soir-même, vers 19 h 00.
Joints ce 1ᵉʳ février au matin, Frédéric Ferrand indiquait à France 3 Franche-Comté que les agriculteurs avaient passé la nuit dans un hôtel, à 2 km du marché de Rungis. Vers 10h, une réunion était prévue pour déterminer la suite des opérations.
Des agriculteurs à l'intérieur du marché de Rungis
Hier en fin de soirée, le nombre d'interpellations sur les lieux s'élevaient à 91, avec certains agriculteurs ayant même réussi à pénétrer à l'intérieur du marché de Rungis. À pied, ils sont entrés brièvement dans une zone de stockage du lieu, en commettant des dégradations.
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Parmi eux, un bon nombre sont issus de la Coordination rurale de Dordogne, dont leur président Eric Chassagne. À 18h, la police faisait savoir que les manifestants avaient été évacués. Ce 1ᵉʳ février au matin, ils étaient encore 79 en garde à vue, indique le parquet de Créteil. En France, la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, a suggéré jeudi sur RMC aux agriculteurs "qui souhaitent monter sur Paris" de "venir à l'Assemblée nationale" afin que les députés "puissent venir à leur rencontre".