Des victimes de violences intrafamiliales et une rescapée de féminicide s'exposent pour "rendre visible ce fléau"

Une série de portraits met en lumière le vécu d'une trentaine de femmes, hommes et enfants victimes de violences intrafamiliales. Ces photographies seront exposées à Poligny dans le Jura du 7 au 11 mars à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Des visages tuméfiés ou ensanglantés, des femmes tentant de se protéger de coups ou d'armes, ces photographies chocs mettent en scène des situations d'une extrême violence réellement vécues. 28 femmes, homme et enfants victimes de violences intrafamiliales ont posé devant l'objectif de Delphine Herrou, photographe bretonne qui a elle même croisé la route de deux compagnons violents. "A l'aide de mon amie maquilleuse Pauline Le Men, nous avons reproduit ce que chacun a pu vivre. Tout est réel" explique-t-elle.

"Je vais te tuer, toi et tes bâtards...", "Souris sinon tu vas bien ramasser en rentrant...", ces phrases, entendues par les victimes photographiées, accompagnent et légendent les images. "Je me suis entourée de personnes qui ont subi des violences physiques, psychologiques, du harcèlement, de la manipulation, du viol conjugal, revenge porn, inceste, etc...", explique la photographe Delphine Herrou. "Cette exposition est destinée à rendre visible ce fléau car il est nécessaire et urgent d'éveiller les consciences," insiste-t-elle.

Dans cette galerie de portraits, marqué d'une cicatrice, il y a le visage de Florence Torrollion. Cette Jurassienne de 58 ans se présente comme une survivante. En 2014, son ex-mari la harcèle et tente de l'assassiner, la blessant grièvement avec un couteau. Défigurée, elle est prise en charge par l'association Solidarité Femmes 21 qui l'héberge durant plus de deux années. Loin de la Franche-Comté, elle se réfugie en Bretagne et vit sans nom sur sa porte ni sur sa boîte aux lettres. Aujourd'hui guérie mais marquée à vie, elle mène depuis sa "seconde vie". Devenue psychomotricienne, elle s'est spécialisée dans l'accompagnement, l'aide et l'écoute des victimes. Elle a publié un livre autobiographique "Ma Mort dans ses yeux" qui lui a permis de croiser la route de la photographe Delphine Herrou.

S'exposer : une épreuve et une thérapie pour les modèles

Si elle a accepté de poser dans ce reportage photo, c'est pour "être un modèle d'espoir" dit-elle. Photographiée en train d'être menacée par un couteau, elle a dû s'armer de courage pour réussir à poser ainsi. Pour beaucoup d'entre elles, les prises de vue ont été à la fois une épreuve et une thérapie. "Ces photos mettent en scène les moments les plus durs et les plus forts de nos vies" raconte Florence Torrollion. Alors que le collectif #NousToutes dénombre 24 féminicides depuis début 2023, Florence Torrollion enrage : "comment pouvons-nous en être encore là ? J'aimerais que le traitement judiciaire des violences conjugales en France s'améliore et que tous les magistrats soient formés tout comme les policiers"

Le reportage photographique de Delphine Herrou sera exposé dans la cour d'honneur de l'ancien Hôtel de Ville à Poligny du 7 au 11 mars 2023, dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes. Florence Torrollion fera le déplacement pour l'occasion, elle dédicacera son livre autobiographique le 9 mars à 17h à la médiathèque Bernard Clavel à Poligny.

En France, une femme meurs tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon.

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