L'air est connu tout comme le refrain entonné par les personnels. Sur la musique de "Dommage" de Bigflo et Oli, soignants, techniciens, agents administratifs du centre hospitalier du Jura décrivent leur quotidien et déplorent le manque de moyen qui dégradent la qualité des soins.
On aurait dû la soigner, on aurait dû l'faire crois-moi, on s'est tous dit ah c'est dommage, j'espère qu'elle s'tuera pas
Sur l'air de la chanson "Dommage" de Bigflo et Oli, Magali Mallen, médecin généraliste à l'hôpital psychiatrique de Dole, écrit les paroles d'une chanson que les soignants des hôpitaux publics connaissent bien. Les sydnicats de l'établissements, l'USP, la CGT et FO s'accordent sur le même constat : le manque de moyens, la suppression de lits, de poste, détériorent les conditions de travail et dégradent la qualité des soins prodigués aux patients.
On est devenu des distributeurs de médicaments
s'indigne Frédéric Lods, infirmier psychiatrique depuis 15 ans à Dole. Avant on prenait le temps de parler pour gérer une crise, une situation compliquée, faute de temps, aujourd'hui, et d'effectifs, on donne plus facilement un traitement". "On a pas signé pour ça".
Charles-Olivier Pons confirme. Le pédopsychiatre déplore l'inadéquation entre les besoins de la population et les capacités de l'établissement. "On a besoin de l'humain pour soigner l'humain" dit-il.
Ils se sentent rejetés, traités comme des rebus de la société
Un clip pour dénoncer le manque de moyens mais aussi pour changer l'image de la psychiatrie. Magali Mallen s'indigne du manque de considération de ses patient : "On veut les cacher, j'ai parfois du mal à obtenir des examens".
Les syndicats regrettent des plannings à flux tendus, il faut revenir sur des jours de congés. " Quand on est épuisé, que soit-même on ne va pas bien, comment voulez-vous que l'on soigne au mieux des patients qui ne vont pas bien !", conclut Frédéric Lods.
Un projet privé à Lons-le-Saunier
Au delà des difficultés récurrentes dans le secteur de la santé publique, les syndicats dénoncent le projet de création d'une unité privée de soins psychiatriques à Lons-le-Saunier.
Le pédopsychiatre craint de vois apparaitre "une psychatrie à deux vitesses, une pour ceux munis d'une carte bleue, et une autre pour ceux qui n'en ont pas".
De son côté, la direction de l'hôpital spécialisé du Jura rappelle que l'établissement est en déficit, de plus de 1,5 millions d'euros, et qu'il faut bien retrouver l'équilibre. Elle admet les efforts demandés, mais les financements dépendent avant tout des budgets alloués.
La direction confirme qu'elle a également fait une proposition d'offre de soins pour Lons-le-Saunier qui ne dispose plus de possibilité d'accueil permanente en psychiatrie.
L'Agence Régionale de Santé indique pour sa part que l'organisation de la psychiatrie dans le Jura est toujours à l'étude. La décision pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
Le clip sortira samedi 25 janvier sur Youtube à 17h. Un site internet est également dédié à la mobilisation des personnels qui espèrent que leux voix seront entendues.