Dole : mobilisation pour un enseignant suspendu après s'être mobilisé contre la réforme du bac

A Dole dans le Jura, un comité de soutien s'est crée et un rassemblement de soutien est prévu ce mardi 18 février. Une pétition en ligne demande depuis quelques jours au Recteur de l'académie de Besançon de réintégrer ce professeur du lycée Duhamel. Il a été suspendu pour 4 mois. 

"Nous, personnels et parents d'élèves du lycée Jacques Duhamel, enseignants ou citoyens, sommes profondément choqués d'apprendre la suspension de Noël Bucher à titre conservatoire dans la perspective d'une procédure disciplinaire, en raison de sa participation pacifique à des actions de contestation dans le cadre d'un mouvement national contre la mise en œuvre des épreuves anticipées du baccalauréat (E3C). Cette décision constitue pour nous une attaque violente aux droits fondamentaux de manifester et de s'exprimer"

Le texte de la pétition mis en ligne sur la plateforme change.org émane du comité de soutien. Le 27 janvier 2020, alors que les premières épreuves du nouveau baccalauréat (avec contrôle continu) se déroulent au lycée Duhamel, un groupe d'élèves entre dans l'établissement pour perturber les épreuves. Bruits, poubelles incendiées, extincteurs vidés, la contestation se termine par des actes de vandalisme nous explique un enseignant.  Mobilisé depuis plusieurs semaines contre la réforme, l'un des professeurs du lycée Duhamel qui enseigne dans la section professionnelle était présent avec les jeunes dans l'établissement quand ces incidents se sont produits. "Ils étaient remontés, quand ils sont entrés, je ne voulais pas les laisser seuls" explique Nöel Bucher, professeur depuis 20 ans dans l'établissement et syndiqué FSU-SNUep. Mon erreur dit-il est d'y être allé seul, analyse aujourd'hui l'enseignant. Convoqué par sa direction, l'enseignant a été suspendu à titre conservatoire pour une période de quatre mois. Il a interdiction de se rendre devant l'établissement en attendant une probable sanction de l'Education Nationale. Noël Bucher dit ne pas avoir eu pour l'instant connaissance des éléments qui figurent au le dossier motivant sa suspension conservatoire. 

Ce matin sur le réseau social Twitter, la mise en ligne de cette pétition est largement partagée par des internautes et des syndicats d'enseignants : 
 

 

On a tous manifesté contre cette réforme. Pourquoi lui et pas d'autres ?



Rapidement, un comité de soutien s'est crée. "La mesure prise à l'encontre de Noël Bucher nous semble totalement disproportionnée. Elle nous donne le sentiment que cet enseignant est utilisé pour servir d'exemple et tenter d'intimider celles et ceux qui souhaiteraient exprimer leurs opinions" indique la pétition. Un collègue de l'enseignant ajoute : "Cet enseignant est là depuis 20 ans. Il est très apprécié. C'est quelqu'un qui est connu pour son militantisme. On trouve la sanction disproportionnée. On a tous manifesté contre cette réforme. Pourquoi lui et pas d'autres ? Ce collègue se bat pour de meilleures conditions d'enseignement, et on le sanctionne, c'est injuste"


Une sanction pour briser les actions contre la réforme


Pour Noëlle Ledeur, membre du collectif Education Nationale de Besançon, un cran a été franchi. "Je n'ai jamais vu de telles mesures, avec une interdiction d'enseigner, de se présenter devant l'établissement et quatre mois de délai. C'est une sanction prise pour paralyser toute action ou toute vélléité de dénoncer cette réforme" explique l'ancienne enseignante doloise. "Cette personne est un syndicaliste. Il y a peut être une volonté de mater l'action syndicale ? On n'a jamais vu ça" s'indigne-t-elle.
 

Le comité de soutien appelle à un rassemblement le 18 février devant la lycée dolois


Les collègues de l'enseignant ne comptent pas s'arrêter à une pétition. Ils appellent à un rassemblement mardi 18 février entre 11h45 et 14h devant le lycée Jacques Duhamel à Dole. Ils demandent l'arrêt immédiat des mesures entreprises à l'encontre de Noël Bucher. Le comité de soutien réitère son opposition aux Épreuves Communes de Contrôle Continu (E3C) voulues par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. "Ces épreuves n’ont de communes que d'être choisies et mises en oeuvre par un même établissement plutôt que nationalement. Elles sont par conséquent inégalitaires.De plus, en raison de leurs lourdeurs et des anxiétés qu'elles engendrent, ces nouvelles procédures ne remplissent plus les conditions pour qu'enseignants et élèves puissent faire et suivre des cours de qualité" explique le communiqué.

Le rectorat de l'Académie de Besançon ne souhaite pas s'exprimer sur le fond du dossier. Selon l'administration, "cette mesure a été prise à titre conservatoire" c'est à dire qu'elle n'est pas définitive et que l'enseignant conserve son salaire pendant cette procédure administrative. Les quatre mois correspondent au temps réglementaire pour ce genre de procédure. 




 
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