Ÿnsect, entreprise jurassienne spécialisée dans la production de protéines d'insectes commestibles se réjouit d'une décision favorable de l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire concernant la consommation de "vers de farine". Détails.
Une autorité de régulation sanitaire de l'Union Européenne a donné mercredi 13 janvier, son feu vert à la consommation d'aliments dérivés d'une espèce de coléoptère, première étape avant que Bruxelles n'autorise un insecte à atterrir dans les assiettes des Européens. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que les larves du ténébrion meunier, aussi appelées "ver de farine", pouvaient être consommées sans danger "soit sous forme d'insecte entier séché, soit sous forme de poudre".
En raison de sa composition riche en protéines et en fibres, "leur consommation ne présente aucun inconvénient sur le plan nutritionnel", ont souligné les experts, mais des recherches supplémentaires devront être menées sur d'éventuelles réactions allergiques. Le ver de farine, autrement appelé le scarabée Molitor, devient donc le premier insecte à recevoir un avis positif pour la consommation humaine.
"Une avancée majeure pour la filière"
Cette nouvelle ravit les Jurassiens d'Ÿnsect qui officialisent leur entrée dans le marché de l’alimentation humaine suite à cet avis favorable. Sur la base de l'avis de l'EFSA, la Commission européenne doit désormais soumettre aux Etats membres un projet de proposition en vue d'autoriser la mise sur le marché des vers de farine séchés et produits dérivés, ainsi que des conditions de commercialisation. Le secteur espère un feu vert définitif d'ici mi-2021.
"Le feu vert de l’EFSA1 constitue une avancée majeure pour la filière, tout particulièrement européenne. Il devrait permettre d’ouvrir la voie à d’autres avis, notamment sur la consommation de farines d’insectes déshuilés, qui représentent le marché le plus prometteur pour la consommation humaine, notamment dans la nutrition sportive et santé" se félicite l'entreprise Ÿnsect, productrice de protéines alternatives à partir d'insectes, installée à Dole, dans le Jura. Tout en précisant : "Au-delà des qualités nutritionnelles de ses produits, Ÿnsect démontre que son ingrédient à base de protéines d’insectes déshuilés présente également des risques d'allergie réduits par rapport à d'autres produits à base d'insectes."
L'entreprise franc-comtoise leader mondial du secteur
L'entreprise, qui produit des farines d'insectes à destination des poissons d'élevage notamment, pense que l'alimentation des sportifs pourrait représenter un débouché intéressant. Elle souhaite proposer ces ingrédients pour la fabrication de "barres énergétiques qui vont aider à la récupération, préparer à l'effort" et espère que ce débouché représentera "10% des volumes de vente dans les cinq prochaines années", avec "des marges intéressantes", a déclaré à l'AFP son PDG, Antoine Hubert, qui a déjà conclu un engagement avec un client pour ce nouveau marché.
Récemment, la société franc-comtoise a levé 372 millions de dollars pour devenir le leader mondial du secteur et ainsi financer le développement de sa première usine dans les Hauts-de-France.
L'EFSA, basée à Parme (Italie), se penche aussi sur le cas de grillons et de sauterelles, pour déterminer s'ils sont propres à la consommation.
On estime qu'un millier d'espèces sont consommées en Afrique, Asie et Amérique latine. Mais dans l'Union Européenne, les élevages d'insectes (quelques milliers de tonnes produits par an) servent essentiellement à nourrir des animaux d'élevage, notamment les poissons -- un marché en plein essor.