Né à Dole le 27 décembre 1822, Louis Pasteur, découvreur du vaccin contre la rage et de la pasteurisation sera célébré tout au long de l’année dans son Jura natal.
L’inventeur des « gestes barrières »
Pasteur ne serrait que très rarement la main et n’embrassait quasiment jamais. Non par impolitesse ou indifférence, mais pour une question d’hygiène. S’il revenait aujourd’hui, en pleine pandémie de covid-19, il vérifierait la modernité de ses positions, lui qui conseillait à ses enfants de se masquer le visage quand ils passaient devant un hôpital et qui se lavaient systématiquement les mains après avoir salué un médecin. Dans sa maison d’Arbois ou à Paris dans son grand appartement de l’Institut Pasteur, les salles de bains impressionnent par leur modernité. Baignoire avec eau chaude-eau froide, vasque basculante, sèche-serviette, des objets qui étaient loin d’être courants à l’époque du savant.
Pasteur, Monsieur et Madame : une redoutable agence de communication
Conscient de l’importance de ses travaux et des répercussions qu’ils auraient pour la santé des hommes, Pasteur a construit sa légende de son vivant. A commencer par sa propre histoire. C’est lui en personne qui inaugure en 1883 à Dole dans le Jura sa maison natale dont on doute aujourd’hui qu’elle soit celle qui l’a vu naître. Pasteur lui-même parlait de la rue de sa naissance sans s’attarder sur la maison elle-même, entretenant ainsi l’image du fils de tanneur pauvre qui a gravi les échelons de la société pour devenir le grand savant que l’on sait. Philippe Bruniaux, président de l’association Pasteur Patrimoine Arboisien précise que l’ « on sait aujourd’hui que le père de Pasteur avait réussi dans ses affaires ».
Grand communicant, Pasteur avait à ses côtés une très efficace chargée de communication comme on dirait aujourd’hui en la personne de Marie, sa femme. Comme le rappelle Agnès Desquand, auteure de Madame Pasteur aux éditions DMODMO Edition, La femme de Louis l’a assisté tout au long de sa carrière, s’est occupé de la presse, des dons et legs. Elle a même collecté tous les articles consacrés à son « savant de mari ».
Indéfectible attachement au Jura
Né à Dole, élevé à Arbois, éduqué à Arbois puis à Besançon avant de monter à Paris, Pasteur n’a jamais abandonné sa terre natale bien au contraire. Il y est revenu chaque été jusqu’à sa mort, et il y a gardé de profondes amitiés. Avec des notables, avec des artistes et avec les vignerons à qui il a permis de faire du meilleur vin.
A chaque retour de Pasteur, on défilait chez lui pour des conseils ou des faveurs. Il est ainsi de notoriété publique qu’il a « pistonné » nombre d’Arboisiens en faisant jouer ses relations au plus haut niveau. Le Jura, c’est aussi la terre où reposent ses parents et les trois petites filles qu’il a perdues. Lui n’a pas été enterré à Arbois eu égard à sa notoriété. Marie, sa femme, a fait créer une crypte sous l’Institut pour accueillir son tombeau. A son décès en 1910, elle y a été enterrée à son tour.
Honneur et Gloire : Pasteur, Saint laïc
Honoré de son vivant, Louis Pasteur ne cessera d’être statufié dès son décès. Et cette gloire posthume doit encore une fois beaucoup à sa famille qui a immédiatement compris la stature de l’homme, bien au-delà du père ou du grand-père. Ainsi, aucun de ses biens n’a été dilapidé bien au contraire. Rien n’a été modifié dans la maison d’Arbois hormis l’arrivée de l’électricité et le très grand appartement parisien au sein de l’institut est resté intact. Les deux lieux sont devenus musées. Plus impressionnant encore, après des obsèques nationales, Pasteur repose à la demande de sa femme dans la crypte qu’elle a fait aménager à ses frais sous l’Institut. Un tombeau de marbres et des mosaïques byzantines qui énumèrent toutes les découvertes de Pasteur.
L’œuvre perpétuée par les chercheurs
Si le vin ne tourne pas au vinaigre, si les bières sont bonnes, si les vaccins existent… C’est que Pasteur a œuvré. Aujourd’hui encore, dans les laboratoires et les écoles, on prolonge son œuvre et on continue d’avancer. A Poligny, l’ENILBIO forme des jeunes au travail de laborantin ou à l’industrie agro-alimentaire et sans le savoir, ils utilisent les connaissances mises en évidence par Pasteur au 19ème siècle… Avec des outils bien moins performants que ceux d’aujourd’hui.
Et puis bien sûr, à l’Institut où travaillent 2.500 personnes et dans les laboratoires de recherche un peu partout sur le territoire, on tente de faire encore avancer la science. A Dijon, sur le campus Agrosup, on avance à grands pas dans le domaine du microbiote intestinal (ces bactéries bienfaitrices qui soignent). Et en agrégeant les connaissances à partir des travaux partout en France et dans le monde, on espère pouvoir passer aux essais cliniques qui permettraient de confirmer tous les bienfaits de ces bactéries. Là encore, on loue le génie du maître… Pas uniquement ses découvertes mais aussi la façon dont (sans avoir accès à internet), il a su compiler les travaux d’autres chercheurs. Pasteur faisait même traduire les articles venus d’autres pays pour faire avancer son propre travail.
Une année de célébration
Tout au long de cette année 2022, conférences, travaux d’élèves, spectacles et même passage du Tour de France rendront hommage au savant avec un premier temps fort du 7 au 15 avril prochains avec la Quinzaine des ferments à Poligny.
► Retrouvez le programme des festivités du bicentenaire de Pasteur