Le 11 septembre dernier, dans le Jura, une jeune femme de 26 ans a sauvé la vie d'un lynx de quelques mois. L'animal a été victime d'une collision, il est le premier survivant de cette année 2024. 17 lynx avant lui ont perdu la vie, succombant à leurs blessures.
Le 11 septembre, alors qu'Aline allait récupérer sa fille chez sa nounou, sur une route aux alentours de Pratz (Haut-Jura), elle aperçoit un animal sur le bord de la route. Ce jour-là, Aline s'en souvient comme si c'était hier. "C'était un jour de pluie, on ne voyait pas grand-chose. Au loin, j'ai vu une petite bête qui essayait de sortir de la route, mais qui n'y arrivait pas. Alors, je me suis arrêtée", se souvient-elle avec émotions.
Constatant que les voitures étaient "à deux doigts de l'écraser", sans se poser de questions, cette Jurassienne de 26 ans récupère l'animal et le met dans sa voiture. Tout en étant consciente que "normalement, c'est déconseillé de déplacer un lynx. Mais là, elle était semi-inconsciente et sans ce déplacement, elle serait décédée sur cette route".
Une opération chirurgicale inédite sur un lynx
Après avoir joint l'Office français de la biodiversité (OFB), Aline rentre chez elle, et enroule le lynx dans des serviettes, afin de la mettre au chaud. Pendant deux heures, jusqu'à l'arrivée du centre Athénas (centre de soins à la faune sauvage), contacté par l'OFB, Aline rassure l'animal et prend soin de lui. Puis, elle est prise en charge par le centre. Le diagnostic tombe : traumatisme crânien et fracture du fémur. Elle a bénéficié de soins de stabilisation avant d'être opérée, cinq jours après son arrivée. Après avoir subi une opération jamais effectuée sur un lynx, Praline – nom donné à cette femelle – récupère ses capacités. "Au réveil déjà, elle était capable de poser la patte, ce qui est inédit. Elle a de très bonnes chances de récupération", souligne Gilles Moyne, directeur du centre. Âgée de 5 mois, ce jeune lynx sera éduqué au centre avant d'être relâché au mois de mai.
Inciter les gens à ralentir et s'arrêter
Pour Aline, qui s'arrête chaque fois qu'elle aperçoit un animal sur le bord de la route (même pour un oiseau), l'émotion est grande quand elle apprend, quelques jours plus tard, que les jours de Praline ne sont plus en danger. "C'est une nouvelle qui me fait pleurer. Je suis heureuse et émue de savoir qu'elle s'en est sortie. Si je n'avais pas été là, elle serait morte. Ça a beau être des animaux, ils ont une vie, un cœur".
Comme Aline, le centre Athénas accorde une importance à la protection des lynx. Le centre de soins à la faune sauvage a lancé une campagne de signalétique routière, avec des panneaux qu'ils proposent aux communes qui recensent la présence de lynx. "Le but est d'inciter les usagers de la route à ralentir, mais aussi que ceux qui assistent à une collision nous le signale", précise Gilles Moyne, de façon que ce que l'intervention du centre soit rapide. Un sujet qu'Aline rejoint. "Si j'ai un message à faire passer, c'est que s'arrêter prend deux minutes. C'est si peu de temps pour une vie, exprime la jeune femme, la gorge serrée et les yeux pleins de larmes. J'espère qu'une chose, c'est que ce témoignage pousse les gens à s'arrêter."
Praline est le premier lynx à survivre d'une collision cette année dans le massif du Jura où vit une centaine d'individus. "Heureusement qu'Aline a eu de l’empathie et un sens civique, sinon elle serait morte", tient à souligner Gilles, avant d'insister sur le fait que sur cette seule année 2024, 18 collisions ont été recensées et que tous les lynx, ont succombé à leurs blessures.