Le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion s'est rendu dans un CFA et dans une entreprise de construction bois dans le Jura. A l'extérieur, des manifestants contre la réforme des retraites, sujet brûlant au cœur de sa visite.
Une quinzaine d'opposants à la réforme des retraites munis de pancartes ont hué Olivier Dussopt à son arrivée au Centre de Formation des Apprentis de Gevingey (Jura). Mais les slogans n'ont pas résonné longtemps aux oreilles du ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion qui s'est engouffré dans le bâtiment à la rencontre des élèves et enseignants à commencer par des apprenants en coiffure. L'établissement forme aussi aux métiers de l'hôtellerie, la restauration, les services, le commerce et l'automobile.
Plus tard c'est dans une entreprise de construction bois, que le ministre s'est rendu à Port Lesney. Une usine où la direction met un point d'honneur à soulager la pénibilité de ses employés, notamment par la mise en place de moyens de levage mécanique, mais qui se préoccupe néanmoins de ses salariés les plus âgés et s'en est ouvert à Olivier Dussopt.
"Je suis inquiet pour mes gars de chantier, explique Philippe Gouget, gérant de la société ALD construction. Moi, je suis plus dans l'administratif aujourd'hui, mais les gens qui ont fait 40 ans de chantier sont usés. Il faut que l'on pense à ces gens-là, qu'ils puissent sortir différemment ou alors qu'on allège leurs charges parce qu'on a aussi besoin d'eux pour le transfert des compétences, des savoirs. On a une moyenne d'âge très jeunes ici, et il me manque parfois des anciens pour transmettre ces savoirs avec beaucoup plus de recul, moins de panique dans les décisions à prendre."
A l'extérieur, une quarantaine de personnes manifestaient à nouveau contre le projet gouvernemental. "C'est leur droit, a commenté le ministre du Travail. Cela se respecte, autant que les manifestants doivent respecter les orientations de ceux qui prennent un certain nombre de décisions et qui ouvrent les débats."
La réforme des retraites est évidemment une réforme difficile
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion
"La réforme des retraites est évidemment une réforme difficile, a-t-il poursuivi, pour deux raisons principales : la première, parce que nous demandons un effort aux Français. Parce que travailler plus longtemps, c'est un effort même si on fait en sorte de le répartir le plus justement possible, en tenant compte des carrières longues, en tenant compte de la pénibilité, en prévoyant des départs anticipés pour ceux qui sont quand même abimés. Et puis elle est difficile, parce qu'on a en France un système très protecteur, et c'est tant mieux, mais aussi très complexe, avec 42 régimes, avec une multitude de règles, des inégalités qui se créent et la prise en compte de tellement d'éléments. Il y a autant de retraites qu'il y a de personnes."
A l'évocation du projet de l'intersyndicale de passer à la vitesse supérieure dans la contestation et de bloquer le pays, raffineries, transport ferroviaire et même ramassage des ordures à partir du 7 mars, il a réagi : "La manifestation est un droit, nous avons cette chance d'être en démocratie et libres. Entre exprimer un désaccord et bloquer le pays, il y a une différence. Il y a d'autres solutions pour faire entendre un désaccord. Et nous sommes maintenant dans un temps différent, le temps du débat parlementaire."
Dans 4 jours, Olivier Dussopt présentera en effet la réforme devant le Sénat, suivi de dix jours consécutifs de débat. "Ce sera aussi l'occasion d'affiner le texte, d'apporter des solutions", a-t-il conclu avant de quitter les lieux