ENTRETIEN. "Je vise toujours très grand, le grand chelem, avec le globe de cristal," confie Quentin Fillon-Maillet sur la saison 2023-2024 de biathlon

Comment Quentin Fillon-Maillet aborde-t-il cette nouvelle saison ? Le vainqueur du général de la Coupe du monde de biathlon 2021-2022 se confie sur ses résultats décevants de l'année passée et ses prochains objectifs, avec le gros globe de cristal et les championnats du monde en ligne de mire.

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"Ma forme est bonne, ma motivation est grande, donc j'ai hâte de démarrer et de m'exprimer pleinement sur ce début de saison !" Quentin Fillon-Maillet ne cache pas son enthousiasme quant à la saison prochaine de biathlon, qui s'ouvre ce 25 novembre par la première étape de la Coupe du monde, qu'il disputera avec l'Équipe de France à Östersund (Suède).

Le biathlète jurassien, originaire de Champagnole et installé à Saint-Laurent-en-Grandvaux, a accordé un entretien à la presse nationale ce 16 novembre. Il se livre sur les raisons de sa saison 2022-2023 à vide, la candidature de la France aux jeux Olympiques d'hiver en 2030, ses impressions sur l'absence de l'étape du Grand-Bornand (Haute-Savoie) à la Coupe du monde 2023-2024... et son ambition de remporter à nouveau le général, devant le Norvégien Johannes Bø.

En quoi ce début d'été a été compliqué ?

Quentin Fillon-Maillet : J'ai fait la coupure au printemps, je suis parti en vacances. Sur le mois de mai, j'avais envie de reprendre le sport mais sans aucune obligation, mis à part la musculation. C'était vraiment à l'envie, je n'avais pas de planning obligatoire. Le mois de mai a été intéressant car j'ai pu faire d'autres sports, ça a été assez ludique. (...) En juin, j'ai senti une petite fatigue, que la forme n'était pas excellente pour une reprise. On a réalisé des tests, au lever le matin pour déceler l'état de forme général, et il s'est avéré qu'il n'était pas bien du tout. Simon [Fourcade, son nouveau coach, NDLR] m'a vite averti et on a dû adapter l'entraînement car je n'étais pas en état de suivre un planning standard.

C'est beaucoup d'inquiétude, car j'étais censé sortir d'une période de coupure et la motivation et la forme physique devaient être plutôt bonnes. Je me suis renseigné avec le staff médical pour trouver des explications. Après tests, il semblerait, sans certitude, que ça puise son origine au printemps après les jeux Olympiques, avec un Covid qui a dû traîner un peu dans mon corps. Il m'a fatigué juste avant la reprise, ce qui a entraîné un surentraînement qui a engendré un manque de récupération et une baisse d'immunité générale. Ça explique en partie - je l'espère - les moins bons résultats la saison dernière et cette sensation que j'avais de ne pourtant pas avoir raté ma préparation malgré un rendu physique médiocre.

J'ai continué, avec Simon, sur la récupération et la gestion de mes sensations. Ça a été dur et frustrant, parce que le staff m'a prévenu que ça pouvait mettre quatre à six mois pour rattraper ce surentraînement. Finalement, en ayant bien géré tout ça, courant septembre, les paramètres sanguins et tous les tests sur mon état de forme sur revenus à la normale, ça m'a permis de terminer le dernier tiers de préparation sur des standards. Je ne pense pas avoir pris de retard, j'ai continué à progresser sur des choses techniques je suis content d'en être arrivé là aujourd'hui avec ce début d'été compliqué. Ce ne sera en aucun cas une excuse pour ne pas faire de résultat cet hiver [rires] !

Votre nouveau staff vous apporte-t-il un nouveau souffle ?

Sans revenir sur la séparation avec Patrick [Favre] et Vincent [Vittoz], c'est vrai qu'on avait besoin d'un nouveau souffle au niveau de l'encadrement. C'est ce qu'on a retrouvé. C'est vrai qu'il y avait de l'inquiétude - je connais très bien Simon, mais davantage en tant qu'athlète - mais les jeunes et le groupe B m'en ont dit que du bien [Simon Fourcade les entraînait depuis 2019, NDLR], c'était important pour moi.

Jean-Pierre [Amat], je l'ai connu coach en juniors mais j'attendais de voir son investissement sur un groupe et un projet sur la Coupe du monde. Et je suis finalement ravi de l'entente que je peux avoir avec ces deux coaches car ils ont bien compris nos attentes. Ils amènent ce vent de fraîcheur qui est toujours intéressant. On est partis sur des bases de travail qui sont sensiblement les mêmes que les autres années, avec des petites choses qui nous tiennent en haleine. L'entente est excellente et je pense qu'on fera du bon boulot.

Comment abordez-vous l'absence d'étape au Grand-Bornand et la fin de saison en Amérique ?

C'est davantage important pour le public et la presse que pour moi. Les formats de course restent les mêmes, je connais à peu près les adversaires. C'est sûr que j'arrive sur des sites comme Lenzerheide qui est nouveau [en Suisse, étape qui remplace le Grand-Bornand, NDLR], ce qui n'est pas le cas des États-Unis et du Canada que je connais bien. Lenzerheide, je vais l'appréhender très vite tout comme le site des jeux Olympiques, ça va bien se passer.

Pour les États-Unis et le Canada, il y a le décalage horaire à prendre en compte, mais j'ai déjà réussi à performer sur les deux sites, donc ce n'est pas une grande inquiétude. Le seul manque, c'est le Grand-Bornand. C'est sûr qu'il nous tient d'habitude en haleine jusqu'à fin décembre, grâce à son atmosphère, son engouement, les sollicitations. Lenzerheide aura mois de saveur pour nous, mais ce sera peut-être plus facile à gérer car on sera moins attendus ! (...) Pour moi, ça reste des compétitions qui doivent être gagnées.

Quels sont vos objectifs cette saison ?

[Rires] Après l'année olympique où on a tout gagné, ce serait difficile d'avoir pour ambition d'aller plus bas au général et de viser une médaille d'argent ou de bronze aux championnats du monde. Je vise toujours très grand, le grand chelem, avec le globe de cristal. Ce qui ne sera pas une mince affaire, vu le niveau de Johannes Bø la saison passée. Je l'ai rêvé bien avant la saison olympique et je l'ai réussi en 2021-2022. Peut-être que je n'y arriverai jamais à nouveau, mais c'est ce que j'ai envie de faire, je réitère cette envie de gagner au général. Mais je pense aussi aux championnats du monde avec une victoire individuelle, ce qui me paraît encore plus accessible que le globe de cristal. En relais, on va remettre en jeu notre médaille d'or, avec une grosse volonté de conserver le titre.

C'est une saison sans fartage au fluor. Qu'est-ce que ça change en termes de glisse ?

D'après nos techniciens, on est partis à plus de 90 ou 95 % des compétitions avec du fluor. C'était ce qui marchait le mieux, sur le marché, pour avoir des meilleures performances. Il faudra s'attendre à avoir des courses plus lentes, soit environ une minute par tour sur un 10 km. Bon après, je skie sans fluor la majorité du temps, notamment à l'entraînement. Donc ça ne va pas être le jour et la nuit pour nous. D'autres produits, d'autres techniques de fartages vont être testées. Jusqu'à présent, peu de nations ont de l'expérience là-dessus et ça va un peu rebattre les cartes. De mon côté, j'ai la chance d'avoir un équipementier Fisher qui me fait confiance depuis quelques années et qui me fait tester beaucoup de matériel, j'espère que ce sera un atout. L'inconvénient, c'est que Johannes Bø a lui aussi des Fischer ! [rires]

Êtes-vous un partisan de la candidature française aux Jeux d'hiver de 2030. Est-ce que cela vous motivera à poursuivre votre carrière jusque-là ?

[Rires] En 2030, j'approcherai la quarantaine [il aura 38 ans, NDLR]. C'est clair que je soutiens la candidature à fond, je suis hyper heureux que la France ait la volonté et puisse organiser un événement tel que celui-ci [La France passe son grand oral ce mercredi 22 novembre, NDLR]. J'ai regardé avec passion la Coupe du monde de rugby. Le Grand-Bornand postule aussi pour les championnats du monde... C'est clair que les Jeux olympiques par-dessus ça, c'est extraordinaire, pour le biathlon et pour le ski en général. Après, est-ce que je concourrai à ces compétitions ? Je n'en sais rien, l'échéance est trop loin. Ça me plairait beaucoup d'y concourir, mais il faut prendre en compte la famille, les résultats. Je ne dis pas non, je ne ferme pas la porte !

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