Malgré la crise, les consommateurs n’ont pas renoncé aux poulets fermiers, poulardes et chapons pour régaler leurs convives lors des fêtes de fin d’année.
Y aura-t-il de la dinde à Noël ? Avec les prix qui augmentent de tous les côtés, les Bourguignons et Francs-Comtois veulent tout de même se faire plaisir. Donc pas question de se passer de la traditionnelle poularde, du délicieux chapon ou de l’excellent poulet fermier pour les fêtes.
Chez les éleveurs en AOP volailles de Bresse, présents en Saône-et-Loire et dans le Jura, les volumes de production restent les mêmes pour la volaille fine à savoir 18 000 chapons, 16 000 dindes et 40 000 poulardes. Les ventes n’ont pas baissé globalement, et ce malgré une hausse des prix liée à l’inflation, environ deux euros par kilos selon le CIVB, le comité interprofessionnel de la volaille de Bresse. Mais la situation n'est pas la même pour tous les exploitants.
Pas de chapon au menu
Johan Morand est éleveur en Saône-et-Loire, à Bantanges, près de Louhans. Installé depuis 2018, il fait de la vente direct, il fournit aussi des bouchers, des grossistes et des restaurateurs. Pour lui cette année est loin d’être exceptionnelle "avec le contexte économique, le contexte sanitaire aussi avec la grippe aviaire". Ses ventes en ligne sont stables mais sa plus grande perte vient des restaurateurs, moins 70 %. "Beaucoup de restaurants ont fermé pendant la première semaine de Noël, ou alors ils ne prennent pas le risque de mettre des volailles plus chères au menu".
À la ferme des petites plumes à Charcier dans le Jura, Sandrine Duret dresse le constat inverse. " C’est une année comme les autres, les clients sont bien là". L’éleveuse vend en circuit très court, à la ferme, sur les marchés ou dans une boucherie toute proche. " C’est la poularde qui a toujours le plus de succès, j’en vends deux fois plus que pendant l’année". Les produits transformés comme les rillettes ont aussi la cote, notamment sur les marchés.
Des prix en légère hausse
Rachel Roussel-Voisard est éleveuse dans le Jura à Chapelle-Voland, elle vend ses produits en direct, mais aussi à des bouchers ou à Rungis. Cette année, elle a acheté du blé et du maïs pour compenser les manques dûs à la sécheresse. En deux ans, les prix du marché ont doublé passant de 160 euros la tonne à 320 euros. L’éleveuse a augmenté ses tarifs de 5 % : " on se dit que la crise ne va pas durer, qu’il faut lisser un peu les prix, explique Rachel Roussel-Voisard". " Sur les marchés, je vois que les vendeurs restent raisonnables sur les augmentations". Et les consommateurs suivent, restent fidèles.
Et la grippe aviaire dans tout ça ?
Cette année, le foie gras et le canard désertent les étals. La grippe aviaire a provoqué l’abattage de millions de bêtes dans le Sud-ouest de la France. La Bourgogne-Franche-Comté reste pour l’heure préservée. Dans la zone AOP Volaille de Bresse, deux élevages ont été abattus, et les conséquences en production sont pour l’heure pour les poulets de Bresse, selon le CIVB. Il y a bien un impact mais incomparable avec les élevages dans le Sud-ouest. Le risque vient surtout des craintes suscitées chez les consommateurs, bien que la consommation d'un animal infecté représente un risque quasiment nul pour l'homme.
Dans notre région, il y aura bien de la dinde, de la poularde et du chapon à Noël dans les assiettes. Ajoutez un peu sauce au vin jaune du Jura, du comté et un bon vin de Bourgogne, vous êtes certain de régaler vos convives en favorisant les circuits courts. Alors à vos fourneaux !