Très dangereux pour les abeilles et la biodiversité, les frelons asiatiques se multiplient. Ils sont même à l'origine de deux décès en Franche-Comté. L'été dernier, 150 nids ont été recensés, contre 10 l'année précédente. Face à ce fléau, les maires de plusieurs communes du Jura s'organisent.
Elles veulent prendre le problème à bras-le-corps, et éviter l'envahissement. Trente-quatre communes de tout le département du Jura se sont liguées pour lutter ensemble contre les frelons asiatiques. Elles ont acheté 300 pièges et espèrent ainsi gagner du temps contre cette menace pour la biodiversité.
L'insecte est non seulement dangereux pour les abeilles, mais aussi pour les humains. L'an dernier, deux décès dus à la piqûre de cet insecte ont été recensés en Franche-Comté. Une menace de plus en plus prégnante dans la région. L'été 2023, on comptait 150 nids de frelons asiatiques dans le Jura, contre une dizaine l'année précédente.
Les abeilles de Martin Daune, maire de Montmirey-le-Château au nord de Dole, et apiculteur, en ont fait les frais. L’été dernier, les frelons asiatiques ont procédé à un véritable massacre dans son rucher. "Pour eux, c'est vraiment facile, ils se positionnent à l'entrée de la ruche et ils attendent que les abeilles sortent. Alors, ils les attrapent, les coincent sur un arbre et ils leur découpent l'abdomen et la tête. Ils gardent le thorax qui va servir à nourrir leurs petits."
"Les ruches sont complètement stressées"
Selon l'élu, ces prédateurs bouleversent complètement l'équilibre de ses abeilles. "Les ruches sont complètement stressées, les abeilles sortent de moins en moins. C'est une catastrophe, certaines meurent de faim parce qu'elles ne peuvent plus sortir ramasser de la nourriture", alarme-t-il.
L'an dernier, il a donc décidé d'installer un piège duquel il a extrait près de 400 cadavres. "Je m’attends à ce que cette année soit encore pire", soupire-t-il.
Pour un piège efficace, il faut d'abord un appât. Et Martin Daune a sa recette pour attirer les frelons asiatiques : vin, bière brune et sirop de fruits rouge. Il faut ensuite que le piège soit sélectif. "Il ne faut pas piéger toutes les sortes d’insectes. Le but, c’est de limiter la prédation du frelon sans détruire les autres insectes", insiste-t-il.
À Moissey à quelques kilomètres de là, un nid pouvant héberger jusqu'à 5 000 frelons a été retrouvé cet hiver à proximité d'une école. Heureusement, personne n’a été attaqué dans la commune, contrairement à Falletans, distant d’une vingtaine de kilomètres.
Deux décès l'été dernier
Le 1er mai 2023, Séverine Calinon, ajointe au maire de la commune, passait une journée en famille. En fin d'après-midi, son père, âgé de 72 ans et en bonne santé, se fait piquer par un frelon.
Très vite, il perd connaissance. Séverine Calinon appelle les secours et procède aux premiers soins, aidée par sa voisine infirmière. Son père sera transporté en réanimation et décédera cinq jours plus tard d'un choc anaphylactique sévère. Elle alerte désormais sur les dangers que représente cet insecte.
Pour combattre ce fléau qui couve, le maire a disséminé une quinzaine de pièges dans toute la commune. Si elle salue cet achat, Séverine Calinon appelle à aller plus loin pour lutter contre cet insecte invasif. Elle organisera prochainement une réunion avec les acteurs mobilisés sur le sujet. "Le but, c’est de pouvoir sensibiliser les gens, leur apprendre les gestes qu’il faut faire quand on se fait piquer. On veut aussi aller plus loin pour essayer d'éradiquer ce frelon de nos territoires."