Le frelon asiatique a été observé en France il y a plus de 15 ans. Aujourd'hui largement installé en Bourgogne et Franche-Comté, il est une menace pour les ruchers des abeilles. Voici cinq choses à faire en cas de rencontre avec le frelon asiatique.
En Bourgogne, le frelon asiatique est une espèce invasive qui fait maintenant partie du paysage. Installé depuis 2004, cet insecte à la piqûre douloureuse pose beaucoup de problèmes aux apiculteurs.
Mais qu'est-il possible de faire face à cet hyménoptère ?
Les pièger oui, mais pas n'importe quand...
Les insectes de la famille des Vespidae, comme les guêpes et les frelons, vivent au rythme des saisons. La reine s'enterre avant l'automne et sort de terre au printemps. C'est une donnée à prendre en compte lors de la pose de pièges.
Mathurin Carnet est entomologiste à la Société d'histoire naturelle d'Autun. Selon lui, la meilleure période pour agir se situe au début du printemps. Le but est de cibler les nouvelles reines qui émergent et qui vont chercher à fonder de nouvelles colonies.
En revanche il appelle à faire preuve de prudence face aux arnaques de certains spécialistes de l'éradication d'insectes : "Ne vous faites pas avoir. En automne il ne sert à rien de faire venir un professionnel, les frelons sont déjà morts et le nid est abandonné."
...et pas n'importe comment
Face au frelon asiatique installé chez les particuliers, l'entomologiste exhorte les gens à ne pas prendre de risques : "Faites appel à des professionnels. Les allergies peuvent survenir dès la première piqûre. On ne s'improvise pas spécialiste de l'éradication."
Valentin Coquéau est apiculteur et il propose aussi de vous débarasser des nids d'insectes avec sa société GFD Dijon. Il détaille les deux types de pièges qu'il utilise lui même dans ses ruchers :
- "Le piège sélectif permet d'emprisonner un frelon dans une boîte avec deux cônes grillagés. Attirés par des attractifs, les frelons vont entrer et ne pourront plus sortir. Les guêpes et les abeilles sont plus petites et pourront s'enfuir. Les frelons européens sont trop gros et ne pourront pas entrer."
- "Le piège classique consiste à découper des bouteilles et y disposer de l'attractif pour frelon, mais qui n'intéresse pas les abeilles, comme le vin blanc ou la bière. Mais par contre le frelon européen peut être une victime collatérale."
En plus du piège, il est aussi possible de détruire les nids avec une perche télescopique qui permet d'injecter du poison directement dans le repaire.
Prévoir un gros budget
Valentin Coquéau possède 4 ruchers en Côte-d'Or comportant plusieurs dizaines de ruches chacun. En 2022, il a perdu 7 ruches sur 30 à cause des raids de frelons asiatiques. Depuis, il a recours à de nombreux pièges, qui coûtent assez cher.
"En perdant sept ruches, je suis déjà à 2 000 € de pertes en matériel et investissements. Mais avec les dispositifs de défense, ça monte à 3 000 € avec près de 400 € en pièges et en attractifs."
Pour un piège sélectif, plus respectueux de la biodiversité, comptez en effet entre 30 et 50 € l'unité. Sans compter le coût de l'attractif qui va attirer les hyménoptères.
Ne pas confondre avec le frelon européen
Son cousin européen souffre d'un amalgame, mais ils sont très différents. Le frelon asiatique a la tête et le thorax plus sombre, un anneau orange sur l'abdomen et il ne dépasse pas 3 centimètres. De son côté, le frelon local ressemble plus à une grosse guêpe avec son abdomen strié de jaune, ses couleurs globalement plus claires et sa taille qui atteint 4 centimètres.
Si le nouveau-venu n'est ici que depuis 2004, son homologue est installé depuis toujours. Moins agressif, il ne chasse pas en groupe contrairement au frelon asiatique. En revanche il peut agir de nuit, mais peut se maintenir moins longtemps en vol stationnaire.
"Le frelon européen est utile à la biodiversité", argumente Mathurin Carnet. "Il s'attaque à un parasite des ruches : la fausse teigne de cire. Il s'en prend très peu aux abeilles."
Parfois faire confiance à la nature
Arrivé en France au début des années 2000, le frelon asiatique a pris ses quartiers un peu partout dans l'hexagone, d'une manière qui semble définitive.
Mathurin Carnet est catégorique : "C'est trop tard pour lutter contre son installation. La seule chose efficace à faire est de disposer des pièges près des ruchers. Mais en installer partout, c'est accepter de piéger d'autres espèces comme le frelon européen qui fait partie de notre écosystème."
S'il est trop tard pour lutter contre l'installation de cette espèce en Bourgogne, la nature va réguler elle même selon l'entomologiste : "Il y a déjà des parasites qui commencent à s'adapter à cette espèce, alors que ce n'était pas le cas avant. Leur nombre n'est pas inquiétant et il ne faut pas oublier que deux reines de la même espèce peuvent entrer en compétition et s'éradiquer toutes seules."
Alors face au frelon asiatique, il faut avant tout s'adapter et ne pas s'improviser chasseur d'insectes. Le mieux reste de consulter un professionnel qui saura vous aiguiller.