Le Bureau Enquête Analyse et Accident (BEA) a rendu son rapport d'enquête sur le crash survenu le 9 janvier 2019 à Mignovillard dans le Jura. Deux militaires de l'armée de l'Air avaient trouvé la mort.
L'accident a marqué les esprits et la petite commune de Mignovillard dans le Jura. Le 9 janvier 2019 alors que les conditions météo ne sont pas bonnes et que la neige est tombée, un avion Mirage 2000D de la BA 133, la base aérienne de Nancy Ochey s'écrase au milieu de la forêt. Il est 10h30 ce matin là.
Le capitaine Baptiste Chirié, 30 ans était aux commandes de l'appareil et le lieutenant Audrey Michelon 29 ans officiait comme navigateur. L'équipage volait aux instruments, sans visibilité et à faible altitude. Leurs corps seront rapidement retrouvés sans vie.
Pendant des semaines, la zone est restée zone militaire. Les débris de l'appareil ont été collectés sur le terrain et le BEA a pu réaliser son enquête avec un directeur d'enquête, des experts, un pilote connaissant bien les Mirage 2000D et un médecin.
Les deux militaires à bord n'avaient pas volé depuis plusieurs mois et effectuaient un vol délicat
L'enquête du BEA a établi que l'accident s'est produit lors d’un vol de reprise pour un équipage encore peu expérimenté sur cette mission. Un vol en mode suivi de terrain sur les reliefs du massif du Jura.
L'enquête révèle que le pilote était qualifié depuis un an et demi et qu'il n'avait réalisé ce type de mission que sept fois et probablement jamais dans de telles conditions météorologiques. Le pilote avait volé la veille du drame le 8 janvier, mais les deux membres d’équipage n'avaient pas volé en métropole depuis août 2018 pour le navigateur et octobre 2018 pour le pilote.
Désorientation de l'équipage, et déficit d'entraînement dans cet escadre de chasse sont les causes du crash selon l'enquête du BEA
Selon le rapport d'enquête, l'appareil en lui-même est hors de cause. L'examen des débris n'a pas montré d'anomalies. La cause la plus probable de l'accident serait une désorientation spatiale de l’équipage dont les raisons restent impossibles à établir car les enregistreurs de vols ont été détruits lors du crash.
Le rapport pointe plus fermement, un manque d'entraînement au sein de la 3e escadre de chasse. La 3e EC connait depuis plusieurs années un déficit en entraînement organique. Celui-ci est dû à un engagement important en opérations extérieures et à une faible disponibilité des Mirage 2000D" pointe le rapport du BEA.
"Ce manque d’entraînement a conduit à une recherche d’optimisation à chaque vol. Les entraînements sont devenus, au fil des années, de plus en plus denses. Cette densité est devenue la norme pour les équipages qui n’ont connu que cette situation. Le SDT (vol en mode suivi de terrain, ndlr) n’est de facto aujourd’hui plus perçu comme le but de l’entraînement mais comme le simple prélude à un mode d’action opérationnel, qui requiert donc moins l’attention. Cette migration des pratiques a conduit à une sous-estimation des risques liés à ce type de mission et à un défaut de supervision. Cette mission a alors été proposée en vol de reprise, malgré sa complexité et la faible expérience de l’équipage " explique le rapport du BEA. Enfin, l’équipage n’a probablement pas été en mesure de renoncer à son projet d’action initial pendant le vol malgré un premier dégagement peu de temps avant la passe de tir, sous l’effet d’une triple pression liée à la nécessité d’optimiser l’entraînement, à la crainte du jugement d’un autre pilote expérimenté et à une forte motivation personnelle" conclut le rapport. Le jour du crash, deux Mirage 2000D participaient à ce vol, le Mirage 2000D qui était parti le premier avait à son bord un pilote chef de patrouille. Il était l'instructeur de l'équipage qui s'est écrasé.