Mobilisé depuis plusieurs mois contre la construction d'un lotissement sur la commune de Septmoncel-Les Molunes, un collectif de citoyens haut-jurassiens se réunit ce samedi 7 octobre pour fêter la suspension du projet et demander son abandon définitif.
C'est une première victoire pour les associations engagées contre la construction d'un lotissement aux Prés du Manon à Septmoncel-Les Molunes, dans le Haut-Jura. Après plusieurs recours, le permis d'aménager ce terrain est en suspens. Depuis le 9 juin et la publication de l'autorisation d'aménagement de cette zone, le comité Haut-Jura des Soulèvements de la Terre, l'association Jura Nature environnement (JNE), Attac et Ethique et Tac se mobilisent contre "ce projet d'un autre âge".
Porté par l'entreprise Roch Constructeur Bois, il s'agit de 16 lots de terrains constructibles situés sur une pâture de 6 600 mètres carrés au Pré du Manon. Dans son annonce de commercialisation, le constructeur vante l'emplacement de ses chalets en ossature bois de 127 mètres carrés "tout près de de la Réserve Naturelle de la Haute Chaîne du Jura" affichés au prix de 498 000 euros.
"La fin de l'artificialisation des sols s'impose"
Les opposants au projet estiment que "poser 16 chalets sur une pelouse sèche ou dans un pâturage, en défonçant murets et affleurements rocheux, faune et flore locale, ce n'est pas s'installer au cœur de la nature mais à sa place". Pour se lever contre "un exemple de l’urbanisation que l'on ne peut et ne veut plus accepter sur le Haut Jura" le collectif a lancé une pétition à la fin du printemps qui a recueilli plus de 3000 signatures. Ses membres affirment qu'aujourd'hui "la fin de l'artificialisation des sols s'impose". Pascale, membre du collectif précise :"nous sommes des habitants, citoyens attachés à la défense du vivant et de l'agriculture paysanne".
Trois demandes de recours gracieux déposés
Au total, trois demandes de recours gracieux ont été déposés contre le permis d'aménagement de ces 16 lots constructibles. L'un porté par JNE est fondé sur des aspects environnementaux, un autre repose sur un vice de forme. En effet, une erreur dans la dénomination des zones constructibles remet en cause la légalité même de l'acte. Face au tollé suscité par le projet, le maire Raphaël Perrin a demandé le retrait du permis qui sera réexaminé par la Directrion régionale de l'Aménagement et du Logement (DREAL).
S'il entend les arguments des opposants au lotissement, le maire de Septmoncel-Les Molunes, élu en 2001, fait valoir que le Pré du Manon est une zone constructible "sacrifiée" au niveau paysager et architectural depuis les années 70 avec la construction des premiers chalets qui ont "très mal vieilli". L'édile de cette commune proche de la frontière suisse déplore le manque de logements : "les gens font de plus en plus de kilomètres pour aller travailler, roulant à vive allure". Selon lui, "il faut que l'on se pose des questions plus globales si on veut réduire les gaz à effet de serre".
Nouveau rassemblement pour l'abandon du projet
"Voulons-nous continuer à assister à l’accaparement des terres ?", insistent les associations opposées au lotissement qui considèrent que nombre de logements vacants et bâtiments ou d'espaces déjà artificialisés sont à convertir. Ce à quoi le maire répond que les prix de réhabilitation de ces maisons dont certaines sont laissées à l'abandon sont prohibitifs (350 000 euros à l'achat et 400 000 euros de travaux à ajouter). L'essentiel du bâti est aujourd'hui racheté par des habitants travaillant en Suisse et parcourant énormément de kilomètres chaque jour.
Après le retrait du permis d'aménager, le collectif d'opposants se félicite de cette première victoire mais ne compte pas en rester là. Ils organisent une mobilisation ce samedi 7 octobre à partir de 10h au Manon. Au programme : atelier juridique d'éducation populaire, balades ou encore débat sur la question de l'habitat dans le Jura. "Nous n'attendons pas une correction de la copie, mais l'abandon définitif du projet pour que ce terrain reste une pâture riche de vie", insistent-ils.