Le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier (Jura) vient de placer en redressement judiciaire le lunetier L'Amy. L'entreprise de Morez enregistre une perte de 35% de son chiffre d'affaires en 2019. L'Amy est en difficullé depuis le début de l'anné et la crise sanitaire du covid-19 n'a rien arrangé.
Le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a validé ce mardi 2 juin la demande de l'entreprise qui souhaitait un placement en redressement judiciaire.
Nous avons pu joindre par téléphone, Dominique Alba , le PDG de l’entreprise l’Amy. Malgré cette décision judiciaire, il se veut positif et combatif. Oui, l’entreprise a des difficultés, 2019 a été compliqué et 2020 ne s’annonce pas terrible pour le moment. Il a fallu donc trouver une solution pour limiter la casse. C’est ce que nous précise le patron de la lunetterie.
C’est l’entreprise qui a saisi le tribunal de commerce le jeudi 28 mai. En difficulté, elle peut avec l’aval du tribunal être placée en redressement judiciaire. Par cette procédure, elle voit ses dettes gelées. L’objectif, se refaire une santé financière sous l’œil d’un administrateur judiciaire nommé également par le tribunal. Il va observer l'entreprise sur une période définie. Les salariés quant à eux, durant cette période, seront rémunérés par l’A.G.S, l'organisme de garantie des salaires.« Deux possibilités, soit on attendait les prochaines semaines, soit on anticipait pour les prochains mois...pour le semestre à venir, c’est bon, pour l’après non, le redressement judiciaire va nous permettre d’y voir plus clair »
explique le directeur.
Pourquoi avoir recours au redressement judiciaire ?
Dominique Alba, le patron de L’Amy fait état d'une année 2019 plus que compliquée.
Il précise également que son entreprise a perdu des licences comme Kenzo qui fait partie du groupe LVMH. Une perte douloureuse qui a engendré 35% de chiffre d’affaires en moins. Pourtant, le rachat du lunetier Henry Julien à Lons-le-Saunier par L'Amy en 2019, laissait de belles perspectives pour 2020.Le mouvement des gilets jaunes a contraints de nombreux opticiens à fermer leurs boutiques les samedis, des clients et des ventes en moins
2020, une année qui commence mal
En janvier 2020, un énorme bug informatique avait pénalisé le remboursement des lunettes à 100%. Il n'y a eu aucune commande. Et puis en mars, le début du confinement est venu mettre le coup de grâce, explique le patron de la société jurassienne :
Début juin, on fait l'équivalent d'un mois et demi de chiffre d'affaires
Une reprise mondiale compliquée
Le marché en France comme à l’international est compromis. La crise sanitaire touche le monde entier et freine les échanges avec les principaux clients de L’Amy à l’étranger comme le Moyen-Orient ou les Etats-Unis. Il en est de même pour les distributeurs de la société qui lui demandent de reporter les échéances. La seule solution pour essayer de se sortir de tout cela, était pour les dirigeants de l'entreprise, la mise en redressement judiciaire.
Y’a-t-il une menace pour l'emploi ?
Dominique Alba se veut rassurant pour les 122 salariés de L'Amy, argumentant que cette période est faite pour trouver des solutions et rebondir. Des projets sont dans les cartons dit-il, en n’écartant pas non plus, l’idée d’un investisseur. Les six mois à venir vont être décisifs, nous ne sommes qu’au début de la période d’observation, estime le dirigeant.Inquiétude chez les syndicats
Nail Yalcin, de la CGT Métallurgie dans le Jura connaît bien le dossier des lunetiers, il a encore en tête les dernières fermetures douloureuses. Pour lui, il faut rester vigilant, il en reste à peine une trentaine. La crise sanitaire que nous avons traversé doit nous servir précise t’il. « La crise sanitaire a montré les limites de la mondialisation, nous devons relocaliser la production sur le territoire pour relancer l’emploi » estime le syndicaliste.