Dans le Jura, les cueilleurs de champignons ont un nouveau terrain de quête. Les morilles s’invitent sur les zones boisées qui ont pris feu l’été 2022 en raison de la sécheresse.
Raymond et la morille. Une passion sans limites. Peu importe les kilomètres. Ce Jurassien d’origine vit aujourd’hui en Bourgogne. Régulièrement, il fait plus d’une heure de route pour retourner sur ses terres. Les coins à champignons, ça le connaît ! En cette mi-avril, le couteau à la main, il arpente les cendres et les reliefs sinistrés dans le sud Jura.
Comme disait mon papa, là où ça a brûlé il y a des morilles.
Raymond, morilleur
Là où les flammes ont tout léché, les arbres ne sont que des silhouettes noires. La terre est gorgée de cendres. Dans cette zone calcaire, les morilles trouvent le milieu adéquat pour pousser. Des morilles jaunes que Raymond cuisinera un peu plus tard, avec une bonne sauce au vin jaune.
Au Canada, on les appelle aussi les morilles de feu
Dans les zones sinistrées, la morille pousse alors qu’on pourrait croire le milieu hostile. Le mycélium, mycélium, la partie végétative du champignon, s'enfouit profondément dans le sol, à l'abri des chocs thermiques, des stress hydriques. La morille adore les sous-bois envahis par les cendres. Elles fertilisent le sol. Il n’y a plus qu’à se baisser pour la cueillir.
Les forestiers connaissent aussi le phénomène, quand des travaux en forêt, nécessitent un brûlage, il y a de fortes chances d’y trouver des morilles au printemps suivant.
La morille, à ne pas manger crue, elle est toxique
Attention, si l’envie vous prend d’aller pour la première fois cueillir des morilles, n'oublie pas qu’elles sont toxiques crues. La morille contient une molécule, l’hémolysine, une toxine capable de détruire les globules rouges, voire de provoquer une insuffisance rénale dans les cas les plus sévères. Il faut les cuire au moins 20 minutes pour éliminer cette toxine. Autre méthode, les laisser sécher puis les cuire avant dégustation.
Dans le Jura, la saison de la morille court de février à mai.