VIDEO. L'illustratrice-autrice jeunesse Mathilde Poncet interroge notre rapport au grand prédateur dans son livre "La Peau du Lynx"

Autrice et illustratrice jeunesse haut-jurassienne, Mathilde Poncet s'inspire de la nature qui l'entoure pour créer des univers colorés et poétiques. Dans son septième et dernier album elle a choisi d'évoquer un animal qui la fascine. "La Peau du lynx" questionne notre rapport au vivant et notre capacité à respecter cette nature sauvage qui nous entoure.

Qui veut la peau du lynx ? Révoltée par le braconnage de lynx, l'autrice et illustratrice jeunesse jurassienne Mathilde Poncet a choisi de consacrer son nouvel ouvrage à cette problématique. Celui qu'on appelle le fantôme des bois est une espèce emblématique du massif jurassien dont la survie reste menacée. Mille fois recherché, difficile à croiser, tapi dans l'ombre des forêts de sapin, ce félin solitaire vit à l'abri des regards indiscrets.

"Depuis toute petite j'entends parler du lynx, comme beaucoup de Jurassiens, j'ai toujours rêvé de le croiser, c'est le fantôme qu'on a envie de voir au détour d'un chemin le soir...", relate Mathilde Poncet.

A défaut de l’observer, Mathilde Poncet a choisi de le croquer. Dans son livre "La Peau du Lynx", paru le 22 mars aux éditions Les Fourmis Rouges, elle évoque un sujet sensible. "C'est un animal fascinant, je suis touchée par le fait que des lynx soient retrouvés tués par arme à feu dans le massif, braconnés, ça faisait longtemps que j'avais envie de parler de cette histoire, de notre rapport au grand prédateur et comment on parvient à vivre ensemble".

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Autrice et illustratrice jeunesse haut-jurassienne, Mathilde Poncet s'inspire de la nature qui l'entoure pour créer des univers colorés et poétiques. Dans son septième et dernier album elle a choisi d'évoquer un animal qui la fascine. Dans "La Peau du lynx" elle questionne notre rapport au vivant, et notre capacité à respecter cette nature sauvage qui nous entoure. • ©Lucie Thiery et Fabienne Le Moing - France Télévisions

Pour parler de ce thème au jeune public, Mathilde Poncet utilise "son arme" : ses crayons de couleurs et l'encre. Dans "La Peau du lynx", le grand prédateur se sent menacé, traqué par un chasseur menaçant. Les animaux de la forêt décident alors de chercher de l'aide auprès d'une couturière aux doigts de fée. Dans ce récit à trois voix, on alterne entre le point de vue du lynx, du chasseur et de la couturière.

Retisser les liens brisés entre les hommes et la nature

"La figure du chasseur se retrouve dans beaucoup de contes, en le présentant comme un ogre à la barbe bleue, en m’éloignant de cette réalité difficile pour aller dans le domaine de l’imaginaire j'ai choisi de construire une histoire poétique", explique l'autrice illustratrice. Le troisième personnage est central. Derrière son immense rouet, la couturière bâtira pour le lynx un manteau de paysage, qui le rendra invisible aux yeux du chasseur. L'art permet ainsi de reconstruire les liens qui ont été brisés entre l'homme et les animaux.

Dans son travail artistique, Mathilde Poncet s'inspire de l'écoféminisme, ce courant qui place au cœur des réflexions les liens entre la domination des hommes sur la nature et celle qu'ils exercent sur les femmes. A mi-chemin entre conte traditionnel et moderne, dans son dernier album jeunesse, elle parvient à mettre à distance une réalité violente pour construire une histoire poétique.

Cette poésie se dessine sous ses pinceaux grâce à l'encre. Une technique qui lui permet d'illustrer des paysages embrumés. Pour construire cette histoire, elle a mené de longues recherches, crayonnant quantité de carnets de croquis. "Le texte a émergé en premier, les dessins sont venus ensuite", détaille Mathilde. 

Elle fait régulièrement des allers-retours entre les sentiers des bois qui l'entourent et son atelier, prenant des photos de paysages, de ronces, de sapins et tout autre plante piquant sa curiosité. De retour dans l'atelier, elle utilise ces images pour ses recherches et composer ses illustrations. "Quand on observe cette nature, on se rend compte qu'il est impossible de reproduire une telle diversité, toutes ces formes et ces couleurs sont inspirantes et ces photos m'aident à puiser des idées".

La protection de la nature, thématique omniprésente

Née à Saint-Claude dans le Jura, Mathilde Poncet a grandi au milieu des forêts de résineux, entourée par la nature et sa faune sauvage qui lui sont chers, elle est soucieuse de préserver cet environnement fragile. Une préoccupation omniprésente dans son œuvre.

Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine puis de Metz, Mathilde Poncet a installé son atelier dans le Haut-Jura non loin de Moirans-en-Montagne. Passionnée par la gravure sur bois et par les vieilles presses, elle adore les utiliser pour donner vie aux personnages de son imagination. Fruit de deux années de travail, "La Peau du Lynx" publié aux Fourmis Rouges est son septième ouvrage. Mathilde Poncet le dédicacera le 15 avril à la libraire Zadig à Saint-Claude puis le 28 avril à La Boîte à Pandore à Lons-le-Saunier. Jusqu'au 31 août 2023, des planches originales sont présentées au Musée de l’Abbaye à Saint-Claude dans l'exposition "Humain animal se reconnaître".