Alors que le Jura connaît toujours une situation sanitaire difficile, avec 260 hospitalisations en unités Covid, le préfet du Jura David Philot demande aux habitants le respect strict des mesures sanitaires le soir de la Saint Sylvestre et annonce des contrôles renforcés sur les routes.
Le ton est donné. Devant la situation sanitaire critique du département, ce sera "tolérance zéro" pour les contrevenants le soir de la Saint Sylvestre. Pour mémoire, les rassemblements devraient être limités à 6 adultes et le couvre-feu commence à 20h.
Plus de 100 membres des forces de l'ordre seront mobilisées en zone police et gendarmerie, en dynamique et en statique, sur toutes les routes du Jura, territoires ruraux y compris. Cela vaut pour le début de soirée, mais aussi pour les retours, vers 1 h du matin.
"J'ai interdit les feux d'artifice de catégories les plus élevées, déclare fermement le préfet du Jura, David Philot. J'ai interdit la vente d'alcool à emporter. Ce sera tolérance zéro pour les rassemblements inopinés."
Plusieurs établissements ont déjà été mis en demeure à Dole, Lons ou dans le Haut-Jura lorsque la vente à emporter se traduisait pas des rassemblements et de la consommation sur place.
"Je fais un immense appel à la responsabilité individuelle pour ce nouvel an, martèle le préfet. Y compris pour les jeunes citoyens qui ne se sentiraient pas concernés. Cette soirée peut être un accélérateur du virus. On risque de recréer des chaînes de contamination et un impact sanitaire qu'on ne peut pas se permettre !"
"A ce stade, j'ai fait beaucoup de pédagogie, poursuit David Philot. Mais il est aussi possible de placer en quarantaine toute personne qui, par exemple, revient du Canton de Vaud et ne peut pas justifier d'une raison professionnelle ou d'un test négatif de moins de 72h."
Un nombre de contaminations qui ne baisse pas
La situation sanitaire reste mauvaise dans le Jura. Le virus circule toujours trop et trop vite. Le taux d'incidence pour 100 000 habitants est de 260, 320 pour les plus de 65 ans, et même 500 pour les plus de 75 ans.
259 personnes sont hospitalisées dans les divers établissements du département. 8 sont en réanimation. La plupart étant des personnes âgées, donc fragilisées par diverses pathologies. "Nous avons encore de la marge en terme d'accueil, précise Didier Pier Florentin, le délégué territorial de l'ARS dans le Jura, mais les personnels sont fatigués. Cela fait 11 mois que cela dure. En revanche, c'est plus difficile dans les EHPAD. Beaucoup de personnels et de résidents ont été testés positifs. Il est très difficile de trouver des remplaçants en période de fêtes..."
248 personnes sont décédés de la Covid-19 depuis le début de l'épidémie dans le Jura. "On n'en parle jamais, s'attriste Didier Pier Florentin. Certes ce sont des personnes âgées qui seraient mortes un jour, mais un autre jour eût été mieux."
Deux établissements seront par ailleurs soumis à la vaccination la semaine prochaine : les EHPAD de Vannoz et Rochefort-surNenon. Des sites où aucun cas n'a été relevé depuis dix jours. le délégué de l'ARS rappelle qu'il ne s'agit pas d'inoculer le virus comme pour d'autres vaccins, mais de stimuler l'immunité en envoyant un message à notre propre génome (vaccin à ARN messager). La première injection protège donc déjà, la deuxième vient conforter l'information.
"Les EHPAD sont l'endroit où le niveau de diffusion du virus est le plus élevé et où les personnes sont les plus fragiles, rappelle Didier Pier Florentin. Ce sont donc des cibles prioritaires et urgentes. La balance bénéfices/risques penche nettement en faveur de la vaccination. On peut affirmer sans gêne dans les EHPAD que l'on sauve des vies !"
Un couvre-feu durci annoncé
Le Jura fera partie, selon toute vraisemblance, des départements où le couvre-feu sera ramené à 18h. Etant le quatrième département le plus touché de France, et même en passe de repasser devant le Doubs, en troisième position. "C'est une impérieuse nécessité qui a été préférée au reconfinement, explique le préfet. Pour éviter aussi des mesures plus graves, plus tard. On espère ainsi diminuer encore les interactions sociales et donc les contaminations. Mais là aussi, il faut que chacun s'organise. Les restrictions ne suffisent pas si on n'adapte pas ses pratiques, ses façons de faire les courses, ses contacts sociaux au sens large pendant quelque temps encore."
L'évolution de l'épidémie dépend avant tout de nous ! On ne peut pas être seulement dans le commentaire
Le premier couvre-feu dans le département avait porté ses fruits, faisant baisser le taux d'incidence à 170 pour 100 000 habitants. Mais depuis, les comportements se relâchant, il est remonté de semaine en semaine, passant un moment la barre des 300, pour atteindre aujourd'hui ce chiffre très élevé de 260.