Lacs du Jura : les surveillants de baignade manquent à l’appel

Le Service départemental d'incendie du Jura (SDIS) a annoncé ne plus pouvoir assurer la surveillance des plages du département. En cause, des difficultés de recrutement. Ces difficultés, ce sont désormais les communes qui y sont confrontées, car malgré des conditions de travail et une rémunération intéressantes, les candidats se font de plus en plus rares.

Au total, 35 saisonniers sont nécessaires pour assurer la surveillance des sites de baignade aménagés qu’offre le département. Afin d’assurer un roulement, 3 surveillants par plage sont essentiels. Un chiffre qui semble être la mer à boire pour certaines communes…

« Nous ne savons pas si nous aurons tout le personnel nécessaire »

Après avoir appris le désengagement du SDIS, Nathalie Roux, maire de Doucier, commune propriétaire d’une plage aux abords du lac de Chalain, a envisagé de fermer la plage si aucune solution de recrutement n’était trouvée. Cependant, dès lors qu’il y a un aménagement, la réglementation impose une surveillance car cela est considéré comme une incitation à la baignade.

« C’était déjà compliqué de trouver des saisonniers simplement pour assurer l’entretien et le nettoyage, donc gérer du personnel supplémentaire pour la surveillance, nous ne souhaitions pas le faire. Nous n’avons ni le temps, ni la capacité » précise la maire. La commune s’est donc tournée vers l’association Profession Sport Loisirs 39 qui se charge de recruter et, le cas échéant, former des surveillants de baignade et de les mettre à disposition des collectivités. Cependant, le manque de candidats rend la situation encore très incertaine pour cet été.

Un devis à hauteur de 21 000€ a été établi pour juillet et août, matériel non compris. Ce désengagement du SDIS implique donc une augmentation des coûts pour la petite commune auparavant aux environs de 18 000€. Des dépenses supplémentaires seront également réalisées pour l’achat et la gestion de matériel de secours anciennement fourni par le SDIS. Cependant, la maire regrette que les nouveaux surveillants de baignade doivent faire sans bateau. « Sans bateau, il sera plus difficile d’intervenir rapidement sur un incident loin de la berge ». Pour faire face à cette hausse de dépenses, la commune envisage d’augmenter la participation de 4€ demandée aux 15 000 visiteurs qui viennent chaque été se garer sur le parking du site.

Laure Thuillier, directrice de la régie de Vouglans, note également l’augmentation des dépenses. Cependant, c’est plus sereinement qu’elle s’apprête à aborder l’été. « L’année dernière, le bruit courait déjà que le SDIS allait se désengager. C’est pour cette raison que nous avons lancé le recrutement dès janvier ». Cela s’est avéré être une bonne stratégie puisque les 6 recrues nécessaires sont déjà trouvées. « Pour la plage du Surchauffant, nous avons recruté en direct et pour la plage de la Mercantine, nous sommes passé par Profession Sport Loisirs 39 ».

Un précieux sésame pas si convoité

L’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers du Jura, en partenariat avec Profession Sport Loisirs 39 prépare chaque année des candidats au BNSSA, diplôme nécessaire pour exercer en tant que surveillant de baignade. Pour obtenir le précieux sésame, les candidats doivent réussir un 100 mètres sauvetage, un 250 mètres avec masques, palmes et tuba, une simulation de remorquage de victime ainsi qu’un QCM. Une bonne condition physique et un bon niveau en natation sont donc évidemment de rigueur.

Il y a une véritable crise de vocation sur le sujet

Commandant Philippe Huguenet

Le commandant Philippe Huguenet, président de l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers du Jura, déplore le faible nombre de candidats, « avant, nous avions une vingtaine de candidats par an. Cette année, nous n’en avons que 12 donc forcément nous manquons de surveillants au moment de la saison estivale ».

Céline Gimbret, chargée de mission et de formation chez Profession Sport Loisirs 39, met en cause le covid et la fermeture des piscines pendant 2 ans mais ne comprend pas un tel désintérêt des candidats pour ce job saisonnier rémunéré 1700€ net pour 35h. Selon elle, à cause du manque de personnel, « il y a des endroits où la baignade risque de ne pas être surveillée cet été. Ou alors, avec des horaires très réduits ». Pour les acteurs du secteur, il y a donc urgence. Les premiers visiteurs arrivent très prochainement et ils espèrent, comme les professionnels du secteur, pouvoir passer l'été sereinement… 

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