"Des violences économiques énormes" : poignardée par son ex-mari, Florence Torrollion raconte la sortie de l'emprise

En mai 2014, la jurassienne Florence Torrollion passe non loin de la mort après avoir reçu des coups de couteau de la part de son ex-mari. Elle publie un deuxième livre où elle évoque les difficultés liées à la sortie des violences. Elle est l'invitée ce dimanche 28 avril de l'édition Ici 19/20 de France 3 Franche-Comté.

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En mai 2014, son ancien compagnon, avec qui elle est séparée depuis un mois, se rend sur son lieu de travail, dans une maison de retraite du Jura. Il lui assène plusieurs coups de couteau au cou et au visage. Florence Torrollion manque de perdre la vie. 

En 2021, elle publie un livre, intitulé Ma mort dans ses yeux, où elle raconte son vécu. Presque dix ans après les faits, elle publie un deuxième livre, Je ne suis pas qu'une cicatrice.

Elle est l'invitée ce dimanche 28 avril de l'édition Ici 19/20 de France 3 Franche-Comté. Elle a, en amont, répondu à quelques questions sur son vécu et sur le parcours des personnes qui sortent de la violence. 

France 3 Franche-Comté : D'où est venu le souhait d'écrire un deuxième livre ? 

Mon premier livre était presque sous la forme d'un journal intime, pour raconter mon vécu. J'avais écrit des choses avant de savoir que cela serait publié. Ce deuxième livre s'appelle Je ne suis pas qu'une cicatrice, parce que j'ai toujours une cicatrice qui me barre le visage. Des fois, on me dit “cette cicatrice, elle est belle”, j'ai envie de dire aux gens de venir la porter. 

Le deuxième m'a été demandé suite au premier. Il est davantage centré sur le parcours après la violence. Le public pense souvent que l’on est sorti d’affaire, mais il y a un après. C'est très compliqué aussi. 

Comment s'est passé "l'après" pour vous ? 

Cela a été moins compliqué que pour d'autres femmes, parce que nous n'avions pas d'enfants ensemble, mais cela a été des violences économiques énormes. Je n'avais plus de maison, plus de travail. Ma maison était sous scellé. Il avait été placé en préventive suite à ce qu'il s'est passé. J'ai perdu mon travail à la suite. J'ai été hébergée par l'association Solidarités femmes pendant deux ans. Il a également fallu être opérée à Dijon pour mon visage.  

Il n'y a pas eu de procès parce qu'il est décédé avant qu'il ait lieu, en juillet 2017. On reçoit alors chez soi l’ensemble du dossier judiciaire, notamment avec des témoignages contre soi, en pleine face. Cela va faire dix ans bientôt, et cela ne s'est fini qu'en août 2023, neuf ans plus tard, pour la succession. 

De quelle manière est-ce que vous aidez les personnes concernées aujourd'hui ? 

J'ai fait une formation pour devenir thérapeute, parce que je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. Quand des personnes viennent me voir, elles ont souvent des problématiques conséquentes. Je fais aussi des conférences sur les violences intrafamiliales, notamment pour sensibiliser les lycéens. 

Qu'est-ce qui serait le plus urgent pour vous aujourd'hui pour améliorer le suivi des personnes victimes de violences ? 

Pour moi, le plus urgent, ce serait de former tous les professionnels qui sont concernés par ce sujet. On découvre beaucoup de situations improbables parce que des professionnels ne sont pas formés. 

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