Le 10 février 2024, le Jurassien Alix Jeanguillaume, natif de Mouchard, livrera un combat MMA à Dijon (Côte-d'Or). Rencontre avec un athlète infatigable, "aux mille sports de combat", viscéralement attaché à sa Franche-Comté.
C'est ce qu'on appelle un hyperactif. Combattant MMA (sport de combat mêlant boxe anglaise, muay-thaï, lutte, jiu-jitsu, etc.), entraîneur sportif, coach personnel, chanteur d'un groupe de metal reconnu... La vie d'Alix Jeanguillaume, 36 ans, se vit à cent à l'heure. La preuve, c'est d'ailleurs en sortant d'un cours de sport qu'il vient de donner que l'athlète nous appelle en ce début janvier, tôt dans la matinée. Et il faut faire vite, son premier entraînement de la journée commence bientôt.
Il est comme ça Alix. Un peu touche-à-tout, et piqué par la bougeotte. Et ce depuis une enfance passée dans le Jura, à Mouchard. "Je suis un vrai Franc-Comtois" assure-t-il fièrement. "Je suis né à Besançon, mais j'ai grandi dans le Jura. C'est ma terre, mes racines. J'y ai une maison d'ailleurs". Mouchard, là où, à quatre ans, il commence le judo au club local.
Un début au judo, à Mouchard
Avec, déjà, une certaine appétence pour le combat. "J'ai passé une enfance un peu turbulente" confesse-t-il dans un sourire. "Le judo m'a permis de me canaliser et de me donner une deuxième éducation. J'ai appris à ne jamais lâcher, à faire des sacrifices et surtout, à respecter tous ceux qui m'entourent".
Le goût de l'effort lui colle à la peau et, très vite, le jeune Jurassien gravit les échelons. Il intègre le pôle espoirs de Besançon dès 13 ans, et c'est dans le Doubs que son caractère "volatile" va se développer. "J'ai découvert d'autres pratiques, d'autres sports de combat" se rappelle-t-il. "Il y avait tellement de possibilités différentes ! Je suis un curieux, qui aime les défis, donc j'ai voulu faire le plus de disciplines possibles". L'adolescent d'alors se lance alors dans le karaté, le kenpo, la lutte. Avant de voir encore plus grand.
En 2009, j'ai déménagé à Lyon, pour les études. Je suis encore rentré dans une autre dimension : muay-thaï, MMA, grappling, kickboxing, etc. Et vu que je suis un compétiteur, j'ai voulu performer partout.
Alix Jeanguillaume
Sur ces multiples rings, le néo-lyonnais se construit un joli palmarès. Double champion du monde de kenpo en 2019 (il est également quintuple champion de France de la discipline), Champion de France de karaté jutsu en 2015, etc. Des résultats acquis grâce à des entraînements pluri-journaliers, combinés à un quotidien professionnel d'agent de sécurité. Ajoutez à cela des retours réguliers en Franche-Comté et une autre activité prenante... être le chanteur d'un groupe de metal reconnu sur la scène nationale et internationale.
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"Le metal, c'est mon autre grande passion" avoue Alix Jeanguillaume. "J'ai commencé à chanter à 13 ans, j'ai connu plusieurs groupes et c'est vraiment à Lyon que ça a explosé". En 2011, il rejoint la formation lyonnaise In Arkadia. Les concerts s'enchaînent vite dans toute la France, et suivent plus tard des tournées dans toute l'Europe, au Japon, ou en Russie. Et il faut l'avouer, avec son physique bodybuildé et sa centaine de tatouages, le Jurassien a plutôt la gueule de l'emploi.
C'était un sacré mode de vie. Assez usant, mais tellement passionnant. La musique, c'est un autre challenge, plus artistique. Même si je ressors aussi en nage. Cela permet de m'exprimer plus personnellement.
Alix Jeanguillaume
Avec la naissance de sa fille et les années qui passent, le combattant décide de "réduire la voilure". "J'ai décidé de moins "m'éparpiller" et de me recentrer sur le MMA" explique-t-il. "C'est le sport ultime, qui combine tous les autres. Je me suis donc exclusivement concentré sur cela et j'ai passé mes diplômes d'entraîneurs pendant et juste après le Covid. L'objectif était vraiment de vivre grâce à toutes mes activités sportives".
Prochain combat le 10 février, à Dijon
Pari réussi. Aujourd'hui, Alix donne des cours, tout en continuant à s'entraîner. Et malgré un départ compliqué en MMA (sept défaites pour cinq victoires), il espère bien continuer à performer "jusqu'à 40 ans. Ce n'est pas dans mes habitudes de lâcher, donc je vais tout donner jusqu'à la fin". Il a même acquis un surnom, "La Stache", référence à la moustache qu'il arbore "en hommage à ma famille franc-comtoise, où beaucoup d'hommes la portait" détaille-t-il.
Prochain rendez-vous, le 10 février, à Dijon, pour un nouveau combat MMA. Dans la cage, Alix Jeanguillaume le promet, il arborera un drapeau franc-comtois. Une Franche-Comté qu'il risque de retrouver très vite. "Toute ma famille et là-bas et je compte m'y réinstaller définitivement après ma retraite sportive" assure l'intéressé.
J'essaye de revendiquer cette appartenance jurassienne. J'ai produit quelques vêtements et sur une collection, j'ai fait apparaître le lion comtois et les trois chênes qui ornent le blason de Mouchard.
Alix Jeanguillaume
Avec, là encore, beaucoup d'idées. "Dès mon retour dans le Jura, j'aimerais construire une salle de combats à Mouchard" révèle-t-il. "Elle proposera de la musculation, mais aussi des cours de plusieurs sports de combat". Un retour aux sources sportif, avec un projet culotté. Mais pas irréalisable. "Ce genre de structure ne sont pas répandues en campagne, c'est vrai" conclut l'athlète. "Mais je sens qu'il y a une demande et je pense que ça peut marcher". Alix Jeanguillaume fera tout pour. En accord avec la devise de sa région. "Comtois, rends-toi ! Nenni, ma foi !"